Le hockey, du foot en plus le fun

L'expression québécoise de hockey : Go Habs Go

Go Habs Go!

Le club de hockey les Canadiens de Montréal est adoré à la fois par les francophones et par les anglophones.

Toutefois, les deux communautés désignent cette équipe avec des surnoms fort différents : tandis que les francophones parlent des « Glorieux », de la « Sainte-Flanelle », du « Tricolore » ; les anglophones, eux, disent plutôt « Habs » (diminutif d’habitants qui, au Québec, peut signifier « habitants de la campagne » ou péquenots, personnes frustes »).

L’origine de « Go Habs Go! »

Les francophones du Québec ont longtemps été surnommés les « Habitants » (terme péjoratif), particulièrement les francophones des classes inférieures, peu importe leur travail ou leur lieu de résidence. Plusieurs anglophones auraient fait le rapprochement entre le « H » du logo du Canadien et le surnom « habitant », même si le « H » du logo est l’initiale de hockey.

Il faut aussi savoir qu’à la création des Canadiens, au début du 20e siècle, le club regroupait une majorité de joueurs francophones. Et qu’à cette époque, la plupart des francophones vivaient à la campagne. De plus, le mot habitant n’avait pas encore de connotation péjorative, et de nombreux francophones l’utilisaient pour parler de leur équipe favorite.

Dans les années 1910, l’équipe de crosse (un autre sport) Le National était aussi surnommée « Les Habitants ». Cette équipe a disparu, contrairement aux Canadiens qui sont devenus une véritable institution dans le paysage montréalais. L’autre équipe de hockey de l’époque, les Maroons de Montréal, qui représentait les anglophones de la ville, a cessé ses activités en 1938.

Lorsque le mot habitant est devenu une insulte, les francophones ont cessé de l’utiliser pour parler des joueurs des Canadiens, alors que les anglophones ont poursuivi la tradition. Puis, le diminutif Habs, détaché de sa connotation injurieuse, a pris le relais.

Annonce go Habs go

Aujourd’hui, les communautés linguistiques montréalaises ont trouvé un terrain d’entente et crient à l’unisson « Go Habs Go! » pour encourager leur équipe.

Go est un verbe anglais abondamment utilisé au Québec. Dans ce contexte, go est synonyme de « allez ». Comme dans Allez les Bleus, Allez.

Un brin de nostalgie

Comme nous l’a écrit un de nos lecteurs, les francophones du Québec ont adopté assez récemment, il y a une trentaine d’années tout au plus, le joyeux « Go Habs Go ! », qui a remplacé le « Halte-là, les Canadiens sont là ! ».

Pour les nostalgiques, nous vous invitons à regarder la vidéo « Halte-là, les Canadiens sont là » qui nous ramène à une tout autre époque. En entendant cette chanson, certains se rappelleront les sorties à l’aréna (patinoire) du quartier ou, pour les plus chanceux, les soirées à applaudir les Canadiens au Forum, du temps où l’on ne faisait pas que rêver à la Coupe Stanley, on la gagnait !

Une autre barrière culturelle

Même si les Québécois apprennent avec facilité le vocabulaire français venu d’Europe (comme le mot football qui gagne du terrain au détriment de soccer, ou l’anglicisme bicycle qui a été supplanté par vélo), il y a peu de chances que les Québécois adoptent un jour les mots et les expressions de la France pour parler de hockey.

1 — Le palet ne remplacera jamais la rondelle ou la puck. C’est presque une question identitaire. (Le mot puck est employé tant au féminin qu’au masculin.)

2 — Il est improbable qu’un joueur québécois dise un jour : « J’ai brisé ma crosse », en parlant de son bâton. Le mot crosse nous semble incongru dans ce contexte.

3 — Au Québec, le gardien de but ne portera jamais de bottes de gardien, mais bien des jambières de gardien.

Petites différences de vocabulaire

Il existe aussi d’autres différences linguistiques relatives aux sports. Toutefois, ces variations ne provoquent pas le même rejet viscéral que le mot palet.

1 — Partisans/supporters : les Canadiens de Montréal ont plus de partisans que de supporters, simplement parce que l’emploi du mot partisan est plus fréquent que celui de supporter.

2 — Aréna/patinoire : la plupart des joueurs de hockey vont à l’aréna pour jouer au hockey. On joue sur la patinoire dans un aréna (bâtiment renfermant une patinoire) ou on va à la patinoire extérieure.

3 — Chandail/maillot : les joueurs québécois portent des chandails de hockey, alors qu’en France on enfile un maillot.

« Tour du chapeau » ou « coup du chapeau » ?

L’expression tour du chapeau est utilisée pour parler d’un joueur qui a marqué trois buts dans un même match. Le coup du chapeau au soccer (football) en France est plus difficile à réaliser, car il consiste à marquer trois buts consécutifs.

Qu’est-ce qu’une ligue de garage ?

Une ligue de garage est un regroupement d’équipes de joueurs amateurs qui se rencontrent pour des matchs amicaux.

Joueurs de hockey d'une ligue de garage dans un vestiaire
Source : TVA Sports

Connaissez-vous le gérant d’estrade ?

Un gérant d’estrade est un amateur de sport qui aime commenter, critiquer les décisions de l’entraîneur d’une équipe sportive.

Par extension, le gérant d’estrade est une personne qui critique la façon dont une affaire est traitée sans y participer elle-même.

Les anglophones utilisent la locution armchair quarterback (quart-arrière de fauteuil — le quart-arrière est le meneur de jeu au football américain) ou armchair critic pour désigner ce type de personne.

Nous vous invitons à découvrir de nombreuses expressions liées au hockey : Les expressions québécoises du hockey

La dureté du mental

L’expression la dureté du mental a été popularisée dans le film Les Boys par le personnage Robert Bob Chicoine, interprété par Marc Messier (un acteur québécois à ne pas confondre avec le célèbre joueur de hockey Mark Messier).

La dureté du mental et les gardiens.
Source : La Presse

La dureté du mental, une traduction libre et boiteuse de l’anglais mental toughness, qui signifie « aptitude à conserver une attitude positive malgré les difficultés ». À l’origine destinée à faire sourire, cette traduction s’est peu à peu répandue dans l’espace linguistique. Elle conserve toutefois sa touche humoristique.

Le hockey, du football en plus le fun

Les Québécois diraient probablement « le hockey, c’est du soccer en plus le fun », car le mot football porte à confusion. En effet, à Montréal nous avons deux équipes de football qui pratiquent des sports différents.

D’abord, les Alouettes, qui jouent au football canadien. Le football canadien ressemble au football américain avec toutefois de légères différences, comme les dimensions du terrain, le nombre d’essais, etc. Et le Club de foot Montréal qui joue au soccer (ou football européen).

Le mot fun signifie « amusant, drôle ». Cependant, fun est plus amusant qu’amusant. Une personne qui est « le fun » est plus amusante qu’une personne amusante. Autrement dit, fun est plus drôle qu’amusant.

À lire aussi, certains articles comparant les expressions du hockey avec celles du soccer-football :

Soccer ou football

Je dis en québécois, tu dis en français : expressions sportives 1

Je dis en québécois, tu dis en français : expressions sportives 2.

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