Faisons le ménage dans les mots québécois du quotidien
Il n’y a pas seulement les expressions québécoises les plus colorées qui déroutent nos cousins de la Francophonie. Plusieurs mots du quotidien représentent aussi d’amusants défis de compréhension.
Nous allons nous concentrer sur les mots liés à la propreté, à l’entretien ménager et au lavage. D’ailleurs, la locution faire son lavage signifie « faire sa lessive ».
Exemple :
— Précis comme un métronome, il fait son lavage chaque lundi matin à 6 heures, et réveille tout le monde dans le bloc (immeuble).
Faire une brassée
Faire une brassée, c’est simplement faire la lessive.
Dans la langue québécoise, le mot brassée signifie aussi « quantité de vêtements chargée et lavée dans un lave-linge ». Nous avons simplement remplacé la définition standard de brassée, « ce que les bras peuvent contenir », par « ce que la cuve de la laveuse (lave-linge) peut prendre ».
Exemple :
— Faire une brassée de rouge avant de faire une brassée de blanc, c’est vivre dangereusement.
Une laveuse et une sécheuse
La laveuse québécoise est le lave-linge français, et la sécheuse se transforme en sèche-linge sur le vieux continent.
L’emploi de laveuse et de sécheuse est si courant au Québec que nous sommes étonnés de découvrir que ces mots déroutent les Français. Heureusement, le lave-vaisselle s’appelle lave-vaisselle des deux côtés de l’Atlantique.
Exemple :
— Ma mère m’a donné sa vieille laveuse, et ma belle-mère, sa vieille sécheuse. Elles sont dépareillées. Là, je parle des machines, pas des personnes, quoique…
Une balayeuse
En France, la balayeuse est un véhicule destiné au nettoyage des rues, tandis qu’au Québec, la balayeuse est aussi un aspirateur domestique. Selon que nous sommes Québécois ou Français, le mot balayeuse décrit deux objets de formats très différents.
Exemple :
— C’est ma journée de chance ! Mon voisin avait jeté aux vidanges (ordures) sa balayeuse presque neuve qui fonctionne parfaitement. J’ai pilé (marché) sur mon orgueil et je l’ai ramassée. J’ai dit à ma blonde (copine) que je l’avais payée 50 piastres (dollars), car elle n’aime pas que je fouille dans les vidanges (ordures).
À noter que le mot aspirateur est aussi employé au Québec. Les deux termes, aspirateur et balayeuse, sont d’emploi courant.
Venez découvrir le sens de la phrase « j’ai serré la balayeuse dans le garde-robe ».
Les vidanges québécoises
Le mot vidanges possède un sens tout à fait québécois. En effet, chez nous, il est synonyme de « déchets, ordures » ou de « poubelles ».
Exemple :
— Mon voisin de gauche frustré a vidé ses vidanges dans l’entrée de mon voisin droite. Je suis la Suisse des conflits de voisinage.
Source photo : Unsplash
Un camion de vidanges ou benne à ordures
Les bennes à ordures sont presque inconnues au Québec. Nous avons plutôt des camions de vidanges ;
Exemple :
— Quand j’étais petit, je m’amusais à suivre le camion de vidanges en bicycle (vélo). J’imagine mal mon gars (fils) faire pareil. Les temps ont changé.
Et les éboueurs québécois sont appelés des vidangeurs (ou des « préposés à l’enlèvement des ordures ménagères » dans la langue administrative).
Faire les vidanges
On retrouve aussi le mot vidanges dans l’expression faire les vidanges. Cette expression signifie « fouiller les poubelles dans le but d’y trouver des objets utilisables ou de la nourriture ». Il faut donc éviter de confondre les locutions « faire les vendanges » et « faire les vidanges », deux réalités fort différentes.
Exemple :
— Même après avoir gagné 100 000 $ à la loterie, Jules ne peut s’empêcher de faire les vidanges.
Quant au verbe vidanger, il est employé dans son sens « propre », sans jeu de mots, c’est-à-dire « vider pour nettoyer » : vidanger une fosse d’aisances, vidanger un réservoir, etc.
Moppe et vadrouille
Au Québec, une moppe (emprunt à l’anglais mop) est un balai à laver. La locution passer la moppe est donc synonyme de « passer le balai à laver ou balai à frange » (deux termes peu utilisés au Canada).
Exemples :
— Jules est paresseux. Il a sorti la moppe et la chaudière (seau) et il est parti boire un café.
Il existe plusieurs graphies de ce mot : moppe, mope et parfois mop. De plus, nous utilisons le mot vadrouille comme synonyme de moppe.
— Quand j’étais petit, je chevauchais la vadrouille en faisant semblant que c’était un cheval. Je me prenais pour un mélange de Napoléon et de sorcière.
La petite chaudière québécoise
Notre utilisation du mot chaudière laisse perplexe les non-Québécois. En effet, chez nous, la chaudière peut aussi être un seau de plastique ou de métal. Peu de Québécois savent que ce mot si simple cause tant de problèmes de communication. Lorsque nous disons à un Français d’apporter la chaudière, l’image qui vient à l’esprit de notre cousin est celle d’une grande cuve dans laquelle on porte un liquide à haute température.
Exemples :
— Après avoir lavé les escaliers, tu changeras l’eau de la chaudière. Elle commence à être dégueu…
— Tu as encore laissé la moppe humide dans la chaudière. Elle va sentir le moisi.
Source photo : Unsplash
L’amusante débarbouillette
La débarbouillette, ce mot à la sonorité si amusante, est une petite serviette de tissu-éponge carrée utilisée pour faire sa toilette.
Exemple :
— Après mon vaccin contre la COVID, j’ai fait de la température (fièvre). Pour me rafraîchir, je me suis mis une débarbouillette d’eau froide sur le front et une autre sur le bedon.
Se débarbouiller : faire sa toilette sommairementDictionnaire d’Antidote
La guenille
Au Québec, en plus de ses sens français, le mot guenille veut aussi dire « chiffon, morceau d’étoffe, lavette ou torchon à vaisselle ». Bien qu’il s’écrive guenille, nous le prononçons habituellement « guénille ».
Exemple :
— Au restaurant, la serveuse a essuyé la table avec une guenille toute sale. On imagine facilement l’état de la cuisine.
Chaque torchon trouve sa guenille
Difficile de passer sous silence chaque torchon trouve sa guenille, cette savoureuse expression qui signifie que chaque personne peut trouver l’âme sœur. Elle existe aussi sous la variante À chaque torchon, son guenillon.
Nous invitons à lire l’article Les autres sens du mot guenille pour découvrir les nombreuses expressions construites avec le mot guenille.
La salle de lavage n’est pas la buanderie
La buanderie québécoise est la blanchisserie française. En effet, au Québec, la buanderie est un établissement commercial, alors qu’en France c’est un local aménagé dans une maison pour y faire la lessive, l’équivalent de notre salle de lavage.
Exemple :
— J’ai commencé à rénover la salle de lavage. En ce moment, c’est le lieu le plus malpropre de la maison.
Au Québec, nous n’allons pas au pressing, nous allons chez le nettoyeur. Pour approfondir votre connaissance de la buanderie et du nettoyeur québécois, nous vous invitons à lire l’article Buanderie, laver au bon endroit.
L’autre sens du mot brosse
Le mot brosse possède aussi le sens de « cuite, ivresse ». On prend une brosse, comme on prend une cuite. Partir sur une brosse ne signifie donc pas s’envoler comme une sorcière, mais « s’enivrer, parfois durant plusieurs jours ».
Exemple :
— Jules est encore parti sur une brosse. Demain, il va être rempli de remords, il va nous promettre de ne plus jamais recommencer, et à la première occasion, il va replonger dans l’alcool.
L’expression partir sur une balloune est synonyme de partir sur une brosse. Pour en savoir plus, nous vous invitons à découvrir Les différents sens du mot balloune.
Source photos : Depositphotos.com