Être un deux de pique ou être poche?
L’expression deux de pique signifie « être une personne médiocre, incompétente, peu intelligente ».
Cette expression tire son origine du jeu de cartes, où le deux de pique est la carte la plus faible.
Exemples :
— Jules a encore perdu une fortune au poker. Question stratégie, c’est vraiment un deux de pique.
— Pour mon vaccin, je suis tombé sur une infirmière maladroite. Elle m’a fait tellement mal ! Une vraie deux de pique.
— Je ne peux pas croire que j’ai vécu quatre ans avec ce deux de pique là. Comment ai-je pu être aussi stupide ? Ma mère avait bien raison, mais ça, je ne le lui avouerai jamais.
Nous utilisons parfois la forme négative de cette expression pour dire d’une personne qu’elle est vraiment efficace, douée ou compétente.
— Cette année, au Festival de la crevette de Matane, les artistes invités ne sont pas des deux de pique. On a de quoi être fier.
— Vous ne regretterez pas de nous avoir embauchés. Vous allez voir, mon jumeau et moi, nous ne sommes pas des deux de pique.
Le deux de pique est poche
L’expression être poche signifie « être peu doué pour une activité », « être malhabile », « être incompétent ».
Il ne faut pas confondre de poche et poche. Le premier signifie « de petit format », comme dans le reste de la francophonie, et le second veut dire « de mauvaise qualité, médiocre ». Un livre de poche est très différent d’un livre poche. Même si le livre de poche peut être poche.
Exemples :
— Je n’arrive pas à apprendre l’anglais. Je suis poche en langues. Les seuls mots que je retiens, ce sont les noms des mets étrangers.
— Je préfère être locataire que propriétaire. Je suis trop poche en rénovation pour entretenir une maison.
— On n’a que des poches dans notre équipe de soccer (football). On n’a aucune chance de gagner le tournoi. Mon seul objectif, c’est d’éviter la honte.
Un lecteur de Bretagne nous a écrit pour nous dire que dans son coin de pays être en poche signifie être un ivrogne, probablement un dérivé de pochetron. À ne pas confondre, avec pocheton : quelqu’un de nul.
C’est poche
Dire qu’une situation est poche, c’est une autre façon de la qualifier de triste ou d’injuste.
Exemples :
— C’est poche pour Jules : il venait tout juste d’ouvrir son restaurant lorsque l’épidémie de COVID a commencé.
— Je trouve ça poche, la façon dont on nous a congédiés. Pas d’explication, pas de respect. Les gardiens de sécurité nous attendaient à l’entrée pour nous annoncer la nouvelle.
— C’est don’ ben poche ! Ils ont fermé la piscine pour tout l’été.
La poche peut être poire
Ouvrons une petite parenthèse. Employé comme adjectif, poire a acquis le sens de « performance médiocre ». Dans ce contexte, poire est synonyme de poche quoique son usage soit beaucoup moins fréquent que celui de poche au Québec.
Exemples :
— J’ai encore raté ma tarte aux pommes. Je suis poire en cuisine.
— Jules est très bon au tennis, mais il est vraiment poire au badminton. C’est étrange…
— Tu ne serais peut-être pas si poire à l’école si ne t’assoyais pas toujours dans le fond de la classe pour dormir.
Comme en France, le mot poire est parfois utilisé pour décrire une personne naïve. Habituellement, on lui ajoute le qualificatif bonne pour lui donner le sens de « crédule » : une bonne poire.
Jouer aux poches
Jouer aux poches ne signifie pas faire l’idiot. En fait, un jeu de poches est un jeu qui consiste à lancer des sachets de sable à l’intérieur d’une boîte inclinée percée de neuf trous. On dit jeu de poches ou tout simplement les poches.
Exemples :
— On joue aux poches à deux époques de notre vie : quand on est petit et quand on est vieux.
— À la résidence de ma grand-mère, il y a un tournoi de poches chaque semaine. Et c’est du sérieux.
Une poche de hockey
Au Québec, le mot poche désigne aussi un grand sac. Cet usage semble disparu dans le reste de la francophonie.
Exemples :
— Je ne pourrai pas jouer ce soir. J’ai oublié ma poche de hockey au chalet (maison de campagne).
— Le père Noël arrive avec sa poche pleine de jouets. Elle est presque aussi grosse que sa bedaine.
— J’ai apporté deux poches de terre et une poche d’engrais pour tes rosiers.
Pour terminer, la petite poche
Le mot poche possède aussi un sens grivois. En effet, poche est parfois synonyme de « scrotum ». Cet emploi est réservé à la langue très familière.
— Mon voisin ne s’en rend pas compte, mais dès qu’il est nerveux, il se gratte la poche devant tout le monde. J’ignore comment lui dire d’arrêter. C’est malaisant pour nous et pour lui.