Les mots du pain au Québec

Les Québécois et les Français partagent un amour du pain. Et cette passion s’exprime avec des mots différents. Voilà pourquoi le bon pain français se trouve au Québec, mais pas en France.

Découvrez les mots québécois, quatre expressions et un proverbe liés au pain.

Mêmes pains, noms différents

Les Québécois seront surpris d’apprendre que leurs cousins français n’ont pas de pain français. Pour ces derniers, le pain français est simplement un pain à croûte dorée et croustillante.

Les deux cousins Jules (un français et un Québécois0 discutent. Z LE boulanger a été surprise de savoir que je ne connaissais pas le pain français ni le pain brun. Le Québécois répond ; Tu as encore des croûtes à manger avant d'être bilingue québécois français.

Plusieurs Québécois ont aussi donné le nom « pain français » à la baguette.

— Dans une boulangerie à Paris, j’ai demandé un pain français et personne ne comprenait ce que je voulais. Je pensais que c’était mon accent. Mais non, c’était mes mots.

Trois petits pains

Le pain brun est le pain de blé entier. Au Québec. Nous utilisons les deux termes indifféremment.

— La serveuse me demande : « Pour vos toasts (rôties), est-ce que vous voulez du pain blanc ou du pain brun ? »

Le pain aux raisins québécois n’est pas une pâtisserie briochée aux raisins, mais bien un pain, habituellement fait avec de la farine blanche, qui contient des raisins.

— Je suis incapable d’acheter un pain aux raisins sans le manger au complet le jour même.

Le pain de fesses est un pain fait à partir de deux boules de pâte cuites dans le même moule.

— À la nouvelle boulangerie, ils font le meilleur pain de fesses au monde. J’en mange tellement que mes fesses ont doublé de volume.

Pain doré au Québec, pain perdu en France

Le pain doré québécois (tranches de pain trempées dans du lait et des œufs battus et cuites à la poêle) se retrouve en France sous le nom de « pain perdu ». À noter que le pain doré du Québec se mange principalement nappé de sirop d’érable.

Il est possible d’entendre « pain doré » en Europe, surtout en Belgique et dans l’est de la France. Dans le monde anglophone, le pain doré et le pain perdu se nomment French toast.

Le pudding au pain… perdu

Certains Québécois utilisent le terme « pain perdu » pour décrire le pudding au pain. Un pudding au pain, aussi appelé pudding au pain perdu, est fait de pain (souvent des restes), de matière grasse, d’œufs, de lait, de sucre, de sirop d’érable et parfois de fruits séchés.

C’est un mets de tradition britannique, mais sucré à la québécoise.

Le pain au chocolat

Le fameux pain au chocolat, dont le nom a alimenté un débat lexical passionné en France, décrit plusieurs gâteries qui sont toutes agréables à manger.

Le pain au chocolat est une petite pâtisserie briochée contenant un morceau de chocolat. On l’appelle aussi chocolatine. De plus, on se sert parfois du nom chocolatine pour parler du croissant au chocolat. Ces trois termes peuvent même coexister dans la même boulangerie selon l’origine des employés qui les vendent. Pour ces délices, il n’existe pas de débat linguistique au Québec. Nous vivons bien avec la confusion, surtout quand c’est aussi bon.

Ambitionner sur le pain béni

L’expression ambitionner sur le pain béni signifie « abuser d’une situation avantageuse, profiter à l’excès de privilèges ou de conditions particulières ».

Au Québec, nous donnons au verbe ambitionner le sens d’exagérer, de profiter abusivement, d’exploiter.

— Mon beau-frère a emprunté ma voiture sans m’en parler et il a laissé le réservoir d’essence presque vide. Franchement, il ambitionne sur le pain béni.

Pour découvrir plus en détail cette expression, nous vous invitons à consulter l’article Ambitionner sur le pain béni.

Être né pour un petit pain

L’expression être né pour un petit pain a longtemps servi à illustrer la condition sans espoir de la collectivité québécoise. C’est l’écrivain Louis Hémon qui l’aurait popularisé dans son roman Maria Chapdelaine (1913).

— Quand un peuple a longtemps cru être né pour un petit pain, il a de la misère (de la difficulté, du mal) à se débarrasser de ses complexes, même s’il réussit.

Aujourd’hui, cette expression sert plutôt à décrire le manque d’ambition, la résignation ou le fatalisme des individus, et non plus la misère du peuple québécois dans son ensemble.

Pour approfondir votre connaissance sur cette expression, nous vous invitons à consulter l’article Être né pour un petit pain.

Être pogné dans un pain

L’expression être pogné dans un pain signifie « former une masse compacte ». Son usage n’est pas limité à la nourriture.

— Pendant que je parlais au téléphone, le plâtre a pogné dans un pain. Il a fallu le jeter aux vidanges (poubelles).

Le verbe pogner est un verbe très présent dans l’univers linguistique québécois. Mais pour les Français, il représente un défi, car pogner exprime une quinzaine de choses différentes. Pour bien comprendre ce verbe difficile, nous vous invitons à consulter Les nombreuses significations de pogner.

Se vendre comme des petits pains… chauds

En France, les objets qui s’écoulent en grande quantité, se vendent comme des petits pains.

Au Québec, nous utilisons l’expression se vendre comme des petits pains chauds.

Probablement que l’ajout de chaud a été influencé par l’expression anglophone to sell like hot cakes.

— Durant la COVID, nos plats surgelés se vendent comme de petits pains chauds.

Pour un Québécois, l’ajout du mot chaud n’est pas facultatif, il fait partie intégrante de l’expression.

Faute de pain, on mange la galette

Le proverbe québécois faute de pain, on mange de la galette sert à dire qu’à défaut d’avoir ce que l’on désire, il faut se contenter de ce que l’on a.

— Je rêvais d’être muté à Paris, mais j’ai obtenu un poste en banlieue de Détroit. Faute de pain, on mange la galette.

Les Français utilisent l’expression faute de grives, on mange des merles comme équivalent à notre « faute de pain … ».

Pour approfondir votre connaissance sur cette expression, nous vous invitons à consulter l’article Faute de pain, on mange de la galette.

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