Les mitaines québécoises

Qui aurait prévu que l’investiture du président américain mettrait en évidence certaines des différences linguistiques entre le québécois et le français ?

Deux titres de journaux parle de Bernie Sanders, le journal québécois titre Les mitaines de Bernie Sanders, le journal français titre Les moufles de Bernie Sanders.

Les titres des journaux nous font découvrir que la mitaine québécoise est la moufle française. Ce que les articles ne disent pas, c’est que les mitaines en France sont en fait des gants laissant à nu les deux dernières phalanges des doigts, et non pas la pièce de vêtement qui recouvre tous les doigts, en ne séparant que le pouce, comme au Québec.

Exemples :

— Vous souvenez-vous des mitaines en laine tricotée de notre enfance ? Elles prenaient parfois des jours à sécher sur les calorifères.

— Dans ma classe, j’ai un jeune étudiant qui vient d’arriver de Madagascar. Il trouve notre hiver si froid qu’il porte des gants sous ses mitaines.

— Les mitaines de motoneige, ce n’est pas très joli à porter en ville, mais c’est la seule façon que j’ai trouvée pour ne pas geler des mains.

L’origine anglo-française de mitaine

Le mot mitaine serait un emprunt du mot anglais mitten, lui-même issu du vieux français mitaine. Les Québécois ont donc emprunté un mot anglais qui lui-même est un emprunt du vieux français. C’est le retour du balancier.

Des moufles tricotées à la mitaine

Pour un non-Québécois, il est difficile de déduire avec justesse le sens de l’expression faire quelque chose à la mitaine. Par exemple, on pourrait croire qu’écrire à la mitaine implique une écriture maladroite étant donné la présence d’une mitaine. Mais il n’en est rien. Faire quelque chose à la mitaine signifie « exécuter une tâche à la main, de façon manuelle ».

Les mitaines québécoises sont les moufles françaises (un mot presque inconnu au Québec), c’est-à-dire des pièces de vêtement recouvrant la main en ne séparant que le pouce.
Les mitaines tricotées à la mitaine reviennent à la mode.

Exemples :

— Dans les magasins, on trouve surtout des mitaines produites de façon industrielle, mais celles tricotées à la mitaine sont souvent bien plus jolies.

— C’est étrange pour nous, les plus vieux, de voir que les plus jeunes ne savent presque plus écrire à la mitaine.

— À la fin de la soirée électorale, il y a eu un bogue informatique. Il a fallu recompter tous les votes à la mitaine.

Les mitaines pour se protéger du chaud

Nous portons des mitaines pour nous protéger du froid, mais nous en avons aussi pour nous prémunir contre la chaleur. En effet, pour sortir les plats du four, nous utilisons des mitaines pour le four, que nous appelons aussi parfois des « poignées ».

Le mot manique (gant isolé contre la chaleur) est très peu connu au Québec.

À l'aide de ses mitaines pour le four, une personne sort un plat de muffin du four brûlant.
Mes mitaines pour le four vont sentir les bons muffins.

Exemple :

— J’ai été stupide. Trop pressé, je n’ai pas pris le temps de mettre mes mitaines pour le four. J’ai simplement utilisé une serviette et je me suis brûlé au deuxième degré.

La préposition change selon le locuteur, nous disons aussi bien « mitaines de four » que « mitaines à four » ou « mitaines pour le four ».

Les mitaines dans les sports

Même si le baseball est un sport d’été, nous y jouons aussi bien avec des gants qu’avec des mitaines de baseball. Les deux termes sont utilisés. Souvent, nous disons aussi une mitte de baseball, une déformation de la mitt anglaise.

Au hockey, nous jouons avec des gants de hockey, à l’exception du gardien de but qui attrape les rondelles (palets) avec sa mitaine de gardien.

la mitaine du gardien de but au hockey
Le gardien a arrêté de justesse la rondelle avec sa mitaine.

L’autre gant du gardien, celui avec lequel il tient son bâton (crosse) est surnommé familièrement « le biscuit », à cause de sa forme rectangulaire.

Se protéger du froid avec les bons mots

Les Québécois et les Français combattent le froid avec des mots différents.

En plus du mot mitaine, nous employons des mots différents pour parler de ce qui tient notre tête bien au chaud. Au Québec, nous portons une tuque, alors qu’en France, c’est le bonnet qui recouvre la tête. Et il ne faut pas que l’accent québécois déjoue les oreilles françaises : nous disons bien « tuque » et non pas « toque ».

Pour mieux connaître la tuque, nous vous invitons à lire l’article Attache ta tuque.

Foulard est le mot le plus courant utilisé pour désigner la longue bande de tissu portée l’hiver pour protéger le cou et le bas du visage contre le froid. Les termes cache-col ou écharpe sont rarement utilisés au Québec.

Exemples :

— En cas de froid extrême, couvrez-vous la bouche avec un foulard pour protéger vos poumons de l’air froid.

— Pour être heureux l’hiver au Québec, il faut porter une bonne tuque, des mitaines chaudes, un long foulard et deux paires de bas (chaussettes).

— Quand j’étais petit garçon, je portais un foulard plus long que moi. Ma mère me l’enroulait autour du cou et de la tête.

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