Dispendieux, ou comment « swigner dans le beurre »
Dans le but de bien se faire comprendre des Français, de nombreux Québécois modifient leur façon de parler. Malheureusement, croyant bien faire, nous utilisons alors des mots qui, plutôt que de faciliter les échanges, obscurcissent le sens de leurs phrases, comme le mot dispendieux.
Sans le savoir, nous ne faisons alors qu’ajouter à la confusion. En effet, le mot dispendieux est presque inconnu en Europe. De plus, son sens est différent les rares fois qu’il y est employé.
Pour les Québécois, le sens premier du mot «dispendieux» est très cher; pour les quelques Français qui l’utilisent, il signifie qui occasionne des dépenses, coûteux à entretenir. En fait, c’est cet emploi qui est, en théorie, est le plus juste si on se rapporte à la définition des dictionnaires.
Une maison dispendieuse
Une maison neuve ne devrait pas être dispendieuse; elle peut être chère, coûteuse, mais pas encore dispendieuse (si l’entrepreneur a fait du bon travail, naturellement). Tandis qu’une maison centenaire est probablement dispendieuse, car elle coûte cher à entretenir.
Il est donc tout à fait normal que les yeux du serveur parisien s’arrondissent d’incompréhension lorsque des touristes québécois lui demandent : « Est-ce que votre gigot d’agneau est dispendieux ? »
Swigner dans le beurre
Autrement dit, en utilisant le mot «dispendieux» pour mieux se faire comprendre, les Québécois swignent dans le beurre. Une expression dont la traduction est synonyme de Donner un coup d’épée dans l’eau.
— Jules a passé la soirée à demander à Julie de danser avec lui, mais chaque fois, il swignait dans le beurre.
— Jules a un moral d’acier. Il swigne dans le beurre sans arrêt, mais il ne se décourage jamais.
Pour bien comprendre cette expression, il faut savoir que le verbe franglais swigner a plusieurs sens au Québec dont celui de prendre son élan et lancer avec force.
Pour découvrir d’autres mots et expressions du Québec, nous vous invitons à consulter notre dictionnaire québécois.