S’habiller en mou

L’expression québécoise s’habiller en mou signifie « porter des vêtements très confortables, comme un survêtement sportif, un pyjama, des vêtements en coton ouaté (coton molletonné) ». C’est revêtir une tenue décontractée qui permet de se détendre devant la télévision sans se sentir serré à la taille ou avoir à rentrer le ventre pour ne pas nuire à la coupe de ses vêtements.

Cette locution, relativement nouvelle, s’est rapidement répandue dans la langue québécoise. On dit le plus souvent « s’habiller en mou », mais certains escamotent le verbe s’habiller pour dire simplement dire « en mou » ou « être en mou ».

Exemples :

— Ce que j’aime le plus dans le télétravail, c’est de pouvoir travailler en mou.

— Je vis un choc des générations. Je n’ai jamais vu mon père s’habiller en mou et je n’ai jamais vu mon fils s’habiller propre (avec élégance).

— On est rendus (devenus) un vieux couple ! À la Saint-Valentin, mon chum (copain) est arrivé au restaurant habillé en mou.

Le mou dans nos expressions

L’adjectif mou se retrouve dans plusieurs expressions québécoises. Nous vous en présentons trois.

1 – Se tenir le corps raide et les oreilles molles

L’expression québécoise se tenir le corps raide et les oreilles molles signifie « obéir au doigt et à l’œil par crainte des représailles ».

À noter que, dans cette expression, on retrouve souvent le mot pis plutôt que et : se tenir le corps raide pis les oreilles molles.

Quand on se fait arrêter par la police, la meilleure attitude à adopter c’est souvent de se tenir le corps raide pis les oreilles molles.

Exemples :

— Après avoir été menacé de congédiement, Jules se tenait le corps raide et les oreilles molles.

— Tu ferais mieux de te tenir le corps raide et les oreilles molles si tu veux éviter les problèmes.

— Le nouveau maire devra se tenir le corps raide pis les oreilles molles s’il ne veut pas subir le même sort que son prédécesseur.

2 – Avoir les jambes molles comme de la guenille

L’expression avoir les jambes molles comme de la guenille signifie « ne pas être capable de se tenir sur ses jambes, être sous le coup d’une vive émotion ».

Ses équivalents français avoir les jambes en coton et surtout avoir les jambes en pâté de foie sont très peu connues au Québec.

Exemples :

— Chaque fois que je croise mon ex, j’ai les jambes molles comme de la guenille.

— Je déteste parler en public. Chaque fois, j’ai les jambes molles comme de la guenille et je dois m’accrocher au lutrin pour ne pas rouler à terre.

— Après avoir été piqué par une guêpe, j’ai subi un choc vagal et mes jambes sont devenues molles comme de la guenille.

Comme synonyme, nous employons aussi l’expression avoir les jambes comme du Jello. Le Jello est une marque de commerce liée à un dessert à base de gélatine colorée et à saveur (parfum) approximative de fruits.

— Quand j’ai coupé le cordon ombilical de mon bébé, mes jambes sont devenues molles comme du Jello.

Au Québec, le mot guenille désigne non seulement un vêtement souillé ou en lambeaux, mais aussi un chiffon ou un torchon à vaisselle.

— Oh que ça pue ! Jules a essuyé la table avec une guenille qui sent le moisi.

Le mot guenille est habituellement prononcé « guénille ».

3 – Flanc mou

Un flanc mou, c’est une personne qui manque d’énergie, qui est paresseuse. C’est un fainéant.

Mon collègue est un grand flanc mou. Il n’a aucune fierté.

Exemples :

— Quand je regarde les jeunes, je me demande si nous étions aussi flancs mous qu’eux au même âge. Et si je suis honnête, je dois avouer que oui, fort probablement !

— J’ai deux fils : un qui est toujours super motivé et l’autre qui est un grand flanc mou.

— Tu aurais dû voir le nouveau serveur au restaurant. Un vrai flanc mou ! Il grimaçait chaque fois que des clients entraient dans l’établissement.

Pour rester dans le registre québécois, un flanc mou, c’est un sans-cœur. En France, comme au Québec, un sans-cœur est une personne insensible à la souffrance des autres, un égoïste. Toutefois au Québec, on utilise aussi sans-cœur comme synonyme de « paresseux ».

Qu’elle signifie « insensible » ou « paresseux », cette locution peut être employée comme nom (elle prend alors un trait d’union : « sans-cœur ») ou comme adjectif (elle s’écrit alors sans trait d’union : « sans cœur »).

— C’est une bonne chose quand un sans-cœur est sans cœur. Ça limite les souffrances qu’il peut infliger aux autres.

Source photos : Depositphotos.com

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