Changer quatre trente sous pour une piastre
L’expression changer quatre trente sous pour une piastre signifie « faire des changements qui n’apportent rien », que l’action posée était inutile, qu’elle n’est qu’une perte de temps, sans profit ni perte.
Exemples :
— Voter pour Tremblay à la place de Gagnon, c’est changer quatre trente sous pour une piastre.
— Un mois après avoir changé d’emploi, je me rends compte que j’ai changé quatre trente sous pour une piastre.
Cette expression est largement répandue au Québec, même si elle soulève de nombreuses interrogations, puisque mathématiquement, quatre fois « trente sous » donnent un dollar et vingt cents. Donc, on perdrait à échanger quatre trente sous contre une piastre (un dollar).
Une expression d’abord influencée par l’Espagne
L’origine de l’expression changer quatre trente sous pour une piastre vient en partie de l’Espagne. En effet, vers la fin du 17e siècle en Nouvelle-France, la monnaie qui circulait était la piastre espagnole (le mot piastre serait lui-même d’origine italienne, comme quoi l’argent n’a pas de frontières).
Quand la monnaie espagnole a été abandonnée, le mot piastre a survécu et s’est imposé comme équivalent français du mot anglais dollar. Puis, le mot dollar a été francisé en 1835 par l’Académie française. Toutefois, le mot piastre a survécu dans la langue populaire où il est prononcé « piasse ».
Exemples :
— Peux-tu me prêter deux piasses?
— Je ne payerai pas cent piasses pour cette bouteille de vin!
Beaucoup de Français confondent le mot piastre (prononcé « piasse ») avec le mot pièce. En voulant parler le québécois, plusieurs d’entre eux font l’erreur de dire, par exemple : « Il me manque cinq pièces (pour dire il me manque cinq dollars). »
Cette méprise entraîne de la confusion, car nos pièces de monnaie ont différentes valeurs. « Cinq pièces » peut être l’équivalent de cinq cents (cennes) ou de dix dollars (piasses), entre autres.
Le fameux trente sous qui vaut 25 cents
Pendant des décennies, de nombreux systèmes monétaires ont cohabité sur le territoire de la Nouvelle-France, un phénomène qui s’est poursuivi longtemps après la conquête.
Les noms des monnaies se sont superposés dans l’usage et une certaine confusion linguistique s’est installée.
Par exemple : la couronne anglaise valait 120 sous. Lorsqu’on divisait la couronne en 4, on obtenait des pièces de 30 sous. Depuis que le Canada a adopté un nouveau système monétaire en 1858, le dollar se divise en 100 cents. Le terme trente sous a survécu pour désigner un quart de dollar, même si celui-ci vaut maintenant 25 cents.
Exemples :
— As-tu un trente sous pour qu’on tire à pile ou face?
— Zut ! La distributrice a mangé mon trente sous.
Avoir les yeux comme de trente sous
L’expression avoir les yeux comme des trente sous est synonyme d’avoir les yeux agrandis par la surprise, la peur ou l’étonnement.
Exemples :
— Il avait des yeux gros comme des trente sous quand il a vu qu’il avait gagné à la loterie.
— Quand je lui ai annoncé que je voulais le divorce, il m’a regardé avec ses yeux grands comme des trente sous.
L’expression possède des variantes. On peut aussi avoir les yeux grands ou ronds comme des trente sous.
Pour approfondir votre connaissance de la langue québécoise, n’hésitez pas à consulter notre lexique québécois ou à lire l’article consacré à la piastre canadienne.