Patenteux, bas culotte et bourrasser dans le dictionnaire
Cette année, Le Robert et Le Larousse ont accueilli trois amusantes créations québécoises :
1 — Patenteux
2 — Bas-culotte
3 — Bourrasser
Ces trois mots bien québécois ont fait leur entrée dans leurs prestigieuses pages aux côtés du sérieux «boson de Higgs» et du morne «triple A».
Le patenteux, un personnage bien québécois

Un «patenteux» est un bricoleur ingénieux qui se débrouille avec des moyens de fortune. Ce mot a donné naissance à patente, un mot générique très utile pour dépeindre un objet difficile à nommer ou à décrire, un genre de bidule, de zinzin.
Et au verbe «patenter» : «Ne t’en fais pas, je vais te patenter quelque chose pour te dépanner.» «Je t’ai patenté quelque chose en attendant, mais tu ferais mieux d’aller au plus vite chez un garagiste.»
Le mot «patente» n’est pas toujours lié à un objet concret. Il peut aussi servir à décrire des structures désorganisées, des façons absurdes et complexes de faire les choses :
— C’est quoi cette patente-là! Comment veux-tu que je m’y retrouve?»
Une patente à gosse
Le mot «patente» a donné naissance à la locution patente à gosse, un terme péjoratif qui signifie un objet inutile, un assemblage bizarre, un appareil qui fonctionne mal ou une organisation dont la structure est inefficace, incohérente.

Au Québec, le mot gosse sert souvent de synonyme au mot testicule. Toutefois, l’utilisation de gosse dans cette expression ne sert pas à parler de testicules, mais plutôt à donner un ton dépréciatif à la locution.
Je ne trouve pas mes bas-culottes
Au Québec, le mot bas-culotte signifie simplement des collants. C’est un terme usuel, sans connotation de familiarité.
— Ah zut ! J’ai un trou dans mon bas-collant.»
De plus, les Québécois utilisent le mot bas à toutes sortes de sauces. Pour commencer, nous employons presque toujours «bas» à la place de chaussette. Il est très rare d’entendre un Québécois dire chaussette. «Bas», ce petit mot d’apparence anodine cause beaucoup de difficultés aux Français pour qui un «bas» signifie plutôt un bas de coton. Les Québécois et les autres francophones créent donc des images mentales différentes lorsqu’ils entendent: «Je viens de m’acheter des bas de ski.»
Nous utilisons aussi «bas» comme un synonyme d’au-dessous de: «Aujourd’hui, il fait 25 en bas de zéro.»
Il existe aussi la savoureuse expression tomber en bas de sa chaise pour décrire un état de grande surprise. «Je suis tombé en bas de ma chaise quand j’ai appris que Gallimard allait me publier.»
Arrête de me bourrasser
Finalement, le verbe bourrasser signifie traiter quelqu’un rudement, le malmener, le brusquer.
— Il est toujours en train de bourrasser ses enfants. Il est incapable de leur dire un mot gentil.
Le verbe bourrasser peut aussi vouloir dire ronchonner, protester à mi-voix».
— Je ne veux plus travailler avec lui, il bourrasse du matin au soir.»
Seul le contexte permet de distinguer leurs différents sens.