Les mots québécois pour parler d’argent

L’argent n’a pas d’odeur, mais les mots pour en parler ont parfois un accent.

L’une des différences les plus amusantes entre le français du Québec et celui du reste de la francophonie est que l’oseille, synonyme de « argent » en France, se transforme en foin au Québec.

Comme synonyme du mot argent, le mot oseille n’est pas utilisé au Québec; le mot blé est employé à la fois au Québec et en France; et le mot foin est en usage seulement au Québec.

1 — Le bacon n’a pas d’odeur

Comme les anglophones, les Québécois ont donné au mot bacon le sens de « argent ». Dans ce contexte, le bacon n’a pas d’odeur.

Un charcutier peut donc faire du bacon en vendant du bacon.

— Avec la flambée des prix de l’immobilier, je n’aurai jamais assez de bacon pour acheter une maison.

À noter que la locution faire le bacon signifie plutôt faire une crise de nerfs. On l’utilise surtout lorsqu’un enfant se tortille de rage au sol comme s’il était une tranche de bacon qui cuit dans la poêle.

2 — Des bidous pleins les poches

Le mot bidous signifie « argent » et est habituellement employé au pluriel.

— C’est difficile d’imaginer qu’elle a plein de bidous lorsqu’on la voit, la tête couverte de bigoudis.

L’origine du mot bidou n’est pas claire. Il se peut que ce soit une déformation de l’ancien français « bidet », une monnaie française disparue depuis longtemps.

Source : Les Affaires

3 — Un gros vingt piastres

Dans la langue familière du Québec, le mot piastre est synonyme de « dollar ». Mais attention, nous prononçons « piasse ».

Dans la langue familière du Québec, le mot piastre est synonyme de « dollar ».
Ça va te coûter un gros vingt piastres.

C’est ce mot, piasse, que plusieurs Français confondent avec pièce. Ils font alors l’erreur de dire « pièce » plutôt que « piasse » lorsqu’ils essaient de parler le québécois.

Piastre tire son origine de la piastre espagnole qui circulait au 17e siècle en Amérique.

— Je me souviens du temps où un pain coûtait juste une piasse.

Pour connaître l’historique du mot piastre, nous vous invitons à consulter l’article Une grosse piastre.

4 — Un motton de cash

Nous donnons parfois au mot motton le sens de « grande quantité de quelque chose ». Par exemple, un motton de cash est une grande quantité d’argent. Habituellement, c’est le mot cash qui est apposé à motton lorsque nous parlons d’argent, mais si le contexte est clair, on peut escamoter le mot cash.

— Moi aussi, si j’avais hérité d’un gros motton, je prendrais la vie plus relax.

— Quand vient le temps de payer au restaurant, Jules sort toujours son gros motton et le dépose sur la table. On dirait qu’il s’imagine jouer dans un film de mafia des années 1980.

Cracher le motton

L’expression cracher le motton possède deux significations : « révéler un secret » ou « débourser beaucoup d’argent ».

— Allez, fini les cachotteries ! Vas-tu finir par cracher le motton et nous dire la vérité ?

— À la fin d’un marathon de négociations, mon client a fini par cracher le motton.

5 — Parler de cash ou parler cash ?

Le mot cash peut causer quelques problèmes, car il signifie « argent comptant » au Québec, alors qu’en France, il peut vouloir dire « franc, direct, sans langue de bois, qui ne mâche pas ses mots ».

Donc, tout un univers sépare parler cash en France et parler de cash au Québec.

— Julie parle cash en toute circonstance, alors que Jules ne parle que de cash. Les deux sont épuisants à fréquenter.

6 — Un brun

Un brun est un billet de 100 dollars. Avec la disparition du papier-monnaie, nous utilisons moins ce terme.

— Jules n’utilise jamais de carte de crédit. Il se promène toujours avec un gros motton de bruns. Un jour il va se faire voler ses bruns et il va être rouge de colère.

7 — Ça va me coûter une beurrée

Le mot beurrée possède plusieurs significations, dont « gros montant d’argent ». Ça coûte une beurrée est donc synonyme de « ça coûte très cher ».

— J’ai acheté mes gâteaux à la meilleure pâtisserie de Montréal. Ça m’a coûté une beurrée.

Venez vous amuser à découvrir le sens de beurrer avec du beurre.

8 — Payer en dessous de la table

L’expression payer en dessous de la table est un calque de l’expression anglaise pay under the table, qui signifie « payer au noir ». Nous disons aussi « payer sous la table ».

— Mon ébéniste veut toujours qu’on le paye en dessous de la table.

L’expression dessous de table, synonyme de « pot-de-vin », est peu connue au Québec.

9 — Il charge 120 piastres de l’heure

Le verbe charger prend parfois le sens anglais de « facturer un montant d’argent ».

L’usage de ce calque intégral de l’anglais est très contesté. Il écorche d’ailleurs les oreilles de plusieurs.

— C’est rendu que mon garagiste me charge 120 piastres (dollars) de l’heure. Il se prend pour qui ? Un chirurgien cardiaque ?

10 — As-tu du change ?

Le change ou « petit change » est de la menue monnaie. C’est un emprunt direct à l’anglais change, mais que nous prononçons à la française.

Source : Les Affaires

— Jules a tellement mal aux genoux qu’il ne se penche plus pour ramasser le petit change qu’il laisse tomber à terre.

Connaissez-vous le sens de l’expression ça prend tout mon petit change ?

11 — Vivre sur du vieux gagné

Le vieux gagné, c’est de l’épargne. Pas très répandue, cette locution est surtout employée par les générations les plus expérimentées (euphémisme pour dire les plus vieux).

— J’ai mangé tout mon vieux gagné durant le confinement. Je n’ai plus une cenne (centime). J’espère que mes affaires vont reprendre. Ce n’est pas à 67 ans que je veux retourner vivre chez ma mère.

12 — Barguiner, un verbe à découvrir

Les Québécois se sont inspirés du mot anglais bargain pour créer barguiner, un verbe du premier groupe qui signifie « marchander, négocier ».

Trois graphies de ce verbe franglais existent : barguiner, barguigner, bargainer.

Ce verbe se prononce à la française : barguiner.

— Même s’il est millionnaire, Jules s’amuse à aller dans les marchés aux puces pour barguiner jusqu’à l’épuisement du vendeur.

Nous utilisons aussi le mot anglais bargain, cette fois prononcé à l’anglaise, pour parler d’une bonne affaire, d’une belle occasion.

Pour terminer

Après la lecture de cette article, êtes-vous capable de répondre à cette question ?

Source photos : Depositphotos.com

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