Le mot chien dans la langue québécoise
Comme c’est le cas en France, les chiens sont très populaires au Québec. On les retrouve partout : dans la rue, dans les parcs et même dans plusieurs de nos expressions.
Avoir la chienne
Au Québec, l’expression avoir la chienne ne signifie pas, comme on pourrait le déduire, posséder une chienne. Avoir la chienne est plutôt synonyme d’« avoir très peur, être terrifié ».
Nous pouvons ainsi dire : j’ai vraiment la chienne des gros chiens ; ou mon chien a la chienne du vétérinaire.
Exemples :
— Quand j’ai entendu quelqu’un marcher dans le salon, la chienne m’a prise. Je n’étais même pas capable de signaler le 911 (le verbe signaler est synonyme de « composer un numéro », et le 911 est le numéro d’appel d’urgence).
— Je ne ferai plus jamais de parachutisme. J’ai vraiment eu la chienne de mourir.
Avoir du chien
Il est facile pour un non-Québécois de confondre les expressions avoir la chienne et avoir du chien. Malgré leur apparente similarité, ces deux expressions expriment des réalités très différentes.
Avoir du chien signifie « avoir de l’énergie, de la détermination, être débrouillard ». Il faut faire attention de ne pas lui donner le sens d’« avoir du charme », comme c’est le cas en France.
Exemples :
— Jules n’abandonnera pas son projet de start-up. Il a beaucoup trop de chien pour laisser tomber après un premier revers.
— Je n’ai plus autant de chien qu’à mes vingt ans. Mais ce qui est étrange, c’est que je ne m’en porte pas plus mal.
Le chien comme adverbe
La locution en chien est employée comme adverbe. Elle signifie alors « très, beaucoup ».
Exemples :
— Le doberman du voisin m’a mordu. Ça fait mal en chien.
— L’examen pour devenir vétérinaire était difficile en chien.
— J’ai trouvé ça dur en chien de dresser mon chien. Il n’en faisait qu’à sa tête, et le fait toujours.
Le chien sale
Nous utilisons l’insulte « t’es rien qu’un maudit chien sale » pour dire à une personne qu’elle est méchante, vicieuse ou sournoise.
Exemples :
— Depuis notre divorce, mon ex s’est transformé en gros chien sale.
— Jules tire une grande fierté d’être un gros chien sale en affaires.
À la rigueur, on pourrait même qualifier un chien dangereux de « chien sale ».
— Rex est un vrai chien sale, dans tous les sens du mot.
S’habiller comme la chienne à Jacques
L’expression s’habiller comme la chienne à Jacques signifie « être très mal vêtu ». On utilise rarement cette expression en présence de la personne en question, à moins de vouloir déclencher un conflit, bien entendu.
Pour découvrir qui est ce fameux Jacques, nous vous invitons à lire l’article Être habillé comme la chienne à Jacques.
Coup de chien, coup de cochon
On peut faire un coup de chien à quelqu’un. On lui fait alors un coup de cochon, c’est-à-dire un coup de salaud, un coup fourré. Coup de chien et coup de cochon sont synonymes.
Exemples :
— Avant de mourir, mon grand-père a réussi à nous faire un dernier coup de chien. Il a modifié son testament pour tout donner à son chat.
— Je ne veux plus parler à Jules. Je suis peut-être rancunier, mais il m’a fait trop de coups de chien pour que je passe l’éponge.
— Jules n’hésite pas à faire des coups de chien si cela peut aider sa carrière.
Un chien de poche
Pour bien comprendre l’expression chien de poche, il faut savoir que les chiens de poche sont de très petits chiens, habituellement trop petits pour marcher longtemps à côté de leurs maîtres. Ces derniers doivent souvent les porter s’ils désirent se rendre quelque part rapidement.
Nous utilisons l’expression un chien de poche pour désigner une personne qui est toujours à la remorque d’une autre personne.
Exemples :
— La nouvelle blonde (copine) de mon fils le traite comme son petit chien de poche. Mon cœur de père saigne.
— Ne confie rien à Jules. C’est le chien de poche du patron. Il va lui rapporter toutes tes paroles pour gagner ses faveurs.
Fucker le chien
Attention, ce qui suit fait partie de la langue très familière : au Québec, nous fuckons le chien. Cette locution, qui étonne et déroute les touristes français, est beaucoup moins vulgaire qu’elle n’y paraît. En effet, fucker le chien signifie simplement « perdre son temps à faire quelque chose, avoir du mal à faire quelque chose, déployer des efforts inutiles ».
Exemples :
— J’ai fucké le chien tout l’après-midi, et mon ordinateur ne fonctionne toujours pas.
— Je suis à bout. J’ai fucké le chien toute la fin de semaine (week-end) et je n’ai pas trouvé l’origine de la fuite d’eau.
Est-ce qu’on dit fucker le chien ou fourrer le chien ? Les deux versions cohabitent et sont de parfaits synonymes.
— Est-ce que tu peux arrêter de fourrer le chien et commencer à travailler pour vrai ?
Porter une chienne
Une chienne de travail, ou simplement « chienne », est un vêtement de travail qui recouvre une grande partie du corps.
Un mécanicien peut porter un bleu de travail, une combinaison, une salopette ou une chienne, selon ses habitudes linguistiques.
Exemples :
— J’achète toujours mes chiennes usagées (d’occasion). Je ne vois pas pourquoi je devrais porter du neuf quand je passe mon temps à me salir.
— J’ai été surpris quand le professeur nous a dit d’apporter notre chienne pour le cours de chimie. Ça m’a pris un petit peu de temps avant de comprendre qu’il parlait d’un sarrau.
Ton chien est mort
La locution ton chien est mort signifie : « tu n’as plus aucune chance, plus d’espoir. Tu es condamné à l’échec ».
Exemples :
— J’ai reparlé à Julie, mon ex. Elle s’est fait un nouveau chum (copain) et semble follement amoureuse de lui. Je crois bien que mon chien est mort.
— Mon mari est très allergique aux chats. Moi qui ai toujours rêvé d’en avoir un, je dois accepter que mon chien est mort.
Les fameux chiens chauds
Finalement, au Québec, plusieurs Français nous disent être surpris de découvrir que nous mangeons des chiens chauds, la traduction de hot-dog. Bien que « chiens chauds » apparaît souvent sur les menus, c’est presque toujours le mot hot-dog qui est employé dans la langue parlée.
Vous aimez les chiens ? Nous vous invitons à jouer à ce quiz sur le site quiditvrai.com.