Une matante québécoise

Plusieurs Québécois vont dire matante ou mononcle en parlant de leur tante ou de leur oncle. C’est l’équivalent du tati et tonton français (tati et tonton sont peu utilisés au Québec).

matante et mononcle : dictionnaire québécois
Moi et mes deux matantes préférées.

Dans matante et mononcle, le pronom possessif s’agglutine au mot. Cette agrégation n’empêche toutefois pas la répétition du déterminant dans la phrase.

Exemples :

— C’est mon mononcle qui m’a donné une bicyclette.

— Quand j’étais ado, c’est ma matante qui a payé pour mes cours de piano. Je lui serai éternellement reconnaissant.

Il existe aussi des variantes avec différents déterminants.

— C’est qui ta matante préférée?

— Tous mes mononcles du Canada sont venus à mon mariage en France.

Une bande de matantes

Les mots matante ou mononcle peuvent aussi avoir un côté péjoratif lorsqu’ils sont employés comme nom collectif.

Dans ce contexte, matante décrit des personnes ennuyantes, tatillonnes ou enclines au bavardage. Tandis que mononcle se rapproche plutôt du beauf français.

Ceci n'est pas une série de matante et de mononcle
Source : La Presse

Exemples :

— Je ne veux pas être transféré à cette succursale, c’est juste des matantes qui y travaillent.

— J’ai détesté mon voyage organisé. J’ai passé deux longues semaines avec une bande de mononcles.

Tu fais matante habillée comme ça

On utilise aussi l’expression «tu fais matante» (ou mononcle) pour décrire l’apparence un peu vieillotte d’une personne.

Exemples :

— Est-ce que tu trouves que je fais matante avec cette robe?

— Change de veston, tu fais trop mononcle avec ça sur le dos.

— En vieillissant, je ressemble de plus en plus à un mononcle. J’aime vraiment pas ça.

Une belle utilisation du mot matante

La chanson Cahier Canada de Patrice Michaud

Mes genoux de mercure au chrome
Dans ma cabane découpée dans le styrofoam
Perdu mon couteau de poche
Tant pis, môman l’a caché au fond de sa sacoche

Et vouloir devenir un homme
Et pis courir parce qu’on a volé trop de pommes
Le temps de fuller mes poches
Et de passer la journée à tirer des roches

C’est écrit
Dans un vieux cahier Canada
Où je retourne quand c’est gris
Dans un vieux cahier Canada

À soir, on va chez Mamie
Où la bienvenue s’étend au-delà du tapis
Pour Noël pis toute la patente
Et moi, couché au creux des manteaux des matantes
Couché au creux des manteaux des matantes

C’est écrit
Dans un vieux cahier Canada
Où je retourne quand c’est gris
Dans un vieux cahier Canada

Ah, ah, ah
Ah, ah, ah

Dans un vieux cahier Canada
Où je retourne quand c’est gris
Dans un vieux cahier Canada

Cinq précisions pour savourer les textes de la chanson

1 — Pour apprécier l’image « couché au creux des manteaux des matantes », il faut savoir ou se souvenir que lors des réunions des grandes familles à Noël, les garde-robes (placards) étaient souvent trop petits pour y mettre tous les manteaux. On les étendait alors sur un lit. Lorsque la soirée se prolongeait tard dans la nuit, les plus jeunes allaient dormir sur la montagne de manteaux en attendant la fin de la fête et le retour à la maison.

2— La chanson Cahier Canada doit son titre aux cahiers d’écolier « Canada », la marque de cahiers scolaires la plus populaire à une certaine époque.

3 — La sacoche, que l’on retrouve dans le vers « Tant pis, môman l’a caché au fond de sa sacoche », est un sac à main.

Certains utilisent parfois le terme sacoche comme insulte pour désigner de vieilles commères : « De quoi elle se mêle, la vieille sacoche ! »

4 — « Le temps de fuller mes poches ». Le verbe franglais fuller est synonyme de « remplir ». L’utilisation de fuller n’est pas fréquente. On ne retrouve ce mot que dans la langue parlée, comme dans « je vais aller fuller le char (voiture) », c’est-à-dire aller faire le plein d’essence.

5 — « Et de passer la journée à tirer des roches ». Les roches aux Québec sont des cailloux, des pierres. Tirer des roches à quelqu’un, c’est lui lancer des cailloux.

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