Les « sacres »
Les sacres (jurons, blasphèmes) québécois, dérivés du vocabulaire liturgique, sont l’une des particularités qui étonnent le plus tous ceux qui découvrent la langue française du Québec.
La forte présence des sacres dans notre « parler » de tous les jours nous force à aborder le sujet. Toutefois, nous ne ferons que survoler ce thème.
Les sacres servent à exprimer une foule d’émotions : de l’étonnement à la douleur, de la rage à la frustration en passant par la colère.
Nous vous présentons un vidéo qui montre ce à quoi ressemble un Québécois exaspéré en train d’installer un cadre. À noter que nous employons souvent le mot « cadre » comme synonyme de tableau. Vous avez peut-être aussi remarqué que le mot vidéo est employé au masculin. Au Québec, vidéo est aussi bien masculin que féminin.
Le vidéo est tiré d’un épisode de la série Les beaux Malaises avec Martin Matte. Vous allez y découvrir une brochette de sacres. ( Désolé, nous n’avons pas trouvé de version sans publicité.)
Plusieurs rôles grammaticaux pour un même sacre
Ces mots : crisse, tabarnak, câlisse, ostie, sacrament, viarge, ciboire, etc. sont mis à toutes les sauces grammaticales et se combinent selon l’inspiration du moment.
Par exemple, le sacre « crisse » (déformation de Christ) employé comme :
Nom
« C’est une gang de petits crisses (vauriens). »
Adjectif
« T’as donc bien la face décrissée (défaite) à matin. »
Adverbe
« Y fait frette en crisse (frette = très froid). »
Verbe
« Je lui en ai crissé une sur la gueule (foutu). »
Note : le même sacre peut jouer plusieurs rôles grammaticaux dans la même phrase.
« Décrisse au plus crisse mon petit crisse ! » qui se traduit par « Dégage au plus vite mon petit salopard. »
Cela dit, nous sortons de notre rôle d’observateur pour recommander aux Français de ne pas « sacrer ». D’abord, parce que c’est mal vu et c’est très laid. Et surtout, parce qu’un Français qui sacre intimide rarement, il amuse plutôt. Mais si vous y tenez, voici un petit conseil : sachez que tabernacle se prononce « tabarnak », et non pas ta-ber-nacle. Le ber-nacle détruit totalement l’effet escompté.
Pour exprimer votre rage, vous êtes mieux de jurer dans vos propres mots, en laissant tout de même chez vous votre célèbre « Et ta mère ! » une insulte inconnue des Québécois qui pourraient vous répondre : « Elle va très bien, merci. »
Pour approfondir votre connaissance du sujet, nous avons des articles consacrés à chacun des sacres les plus populaires.
Au plus sacrant
Attention: l’expression au plus sacrant n’a rien à voir avec les sacres québécois. En effet, cette expression signifie simplement « au plus vite ».
« Habille-toi au plus sacrant, il faut qu’on parte. On est déjà en retard. »
Tout comme sacrer le camp veut dire « quitter précipitamment un lieu ».