Les mots de la rénovation au Québec

Jules, le Québécois, dit : va chercher les deux par quatre pour qu'on finisse le garde-robe. Apporte aussi le papier. Jules, le Français, répond : Je ne comprends pas. Je vais plutôt aller chercher à manger

Pour bien comprendre le texte de l’illustration ci-dessus, il faut savoir qu’un deux par quatre, c’est une pièce de bois servant à monter une structure. À l’origine, le deux par quatre mesurait deux pouces (50,5 mm) d’épaisseur sur quatre pouces (101,6 mm) de largeur. Aujourd’hui, il fait plutôt 1,5 pouce × 3,5 pouces (38 mm × 89 mm).

Au Québec, nous employons souvent la préposition par plutôt que sur pour exprimer les dimensions : deux par quatre, deux par huit, etc. Cet emploi de par constitue un calque de l’anglais.

Le mot garde-robe peut aussi porter à confusion, puisqu’il ne désigne pas ici l’ensemble des vêtements d’une personne, mais bien un placard, plus facile à construire avec des deux par quatre qu’avec du tissu. De nombreux Québécois utilisent le mot garde-robe comme synonyme de « placard, penderie ». Cet usage est presque disparu dans le reste de la Francophonie.

Et finalement, le papier sablé, traduction de l’anglais sand paper, est le papier à poncer, le papier émeri, le papier de verre.

Les langues de la rénovation au Québec

Dans le domaine de la rénovation, les Québécois parlent trois langues : le québécois, le français et l’anglais. Et nous passons de l’une à l’autre sans logique apparente. Ce phénomène peut à l’occasion dérouter un Français qui travaille avec des Québécois.

Ce mélange de langues s’explique en grande partie par la mixité linguistique sur les chantiers de construction et le fait que les matériaux proviennent en grande partie de l’Amérique anglophone.

Par exemple, drill est le mot anglais pour « perceuse ». Au Québec, dans la langue parlée, on l’emploie tel quel en lui donnant le genre féminin. Toutefois, on retrouve rarement le mot drill dans la langue écrite où on lui préfère le mot perceuse.

— Peux-tu me prêter ta drill? J’ai oublié la mienne dans le camion.

Il arrive ainsi que, dans une même conversation, une perceuse devienne une drill avant de redevenir une perceuse. Le mot chignole, synonyme de « perceuse » en France, est à peu près inconnu au Québec.

On entend parfois des menuisiers plus âgés dire unmoine pour parler de leur perceuse électrique.

Le mot drill signifie perceuse dan sla langue parlée du Québec.
C’est la première fois que j’utilise la drill de mon père. Je dois avouer que je suis un peu nerveux.

Un plancher de bois franc

— Fais attention de ne pas abîmer le plancher de bois franc avec ta drill!

Un plancher de bois franc est un parquet. Le bois franc, c’est un bois à grain dur et serré, comme le chêne et l’érable. En France, on préfère le terme bois dur.

Plancher de bois franc est synonyme de parquet.
Je vieillis et mes genoux refusent que je pose du plancher de bois franc.

—  J’ai fini de sabler (poncer) le plancher de bois franc. Cette fois, je suis content, j’ai réussi les racoins (recoins). Il ne reste qu’à le vernir.

Au Québec, le verbe sabler est synonyme de « poncer ». Le verbe poncer est très rarement utilisé. De plus, on utilise surtout du papier sablé. Les termes papier de verre, papier à poncer ou papier émeri sont beaucoup plus rares.

Des murs de Gyproc

Le Gyproc, le Placoplatre ou simplement le gypse sont des plaques de plâtre. Dans la langue parlée, le terme Gyproc, qui est une marque de commerce, occupe presque tout l’espace linguistique, mais depuis quelques années, le mot Placoplatre (une autre marque de commerce) commence à gagner du galon. Par contre, dans la langue écrite et commerciale, c’est le mot gypse qui est le plus fréquent.

— Je déteste poser du Gyproc au plafond. Après, j’ai mal au cou pendant une semaine. Ça ne vaut pas le coup.

Oh non ! J’ai encore passé à travers le Gypr.oc avec ma drill

Est-ce qu’on pose du prélart ou de la carpette?

Un plancher de prélart est un plancher de linoléum. Les deux termes sont synonymes. Toutefois, le terme prélart est d’usage plus fréquent.

— Quand on a arraché le prélart, on a découvert qu’il cachait un magnifique plancher de bois franc.

Au Québec, on emploie aussi le terme carpette comme synonyme de « tapis ». La carpette possède donc deux sens : « petit tapis », comme le veut sa définition en français standard, et « tapis ». Cette définition est tirée du mot anglais carpet qui se traduit par « tapis ».

— Oh non ! Je viens de renverser du café sur ta carpette neuve.

Nous tenons à apporter une précision : bien que le terme carpette soit parfois synonyme de tapis au Québec, c’est le mot tapis qui y est utilisé le plus souvent.

Le contre-plaqué est aussi du plywood

Dans la langue parlée, nous utilisons généralement le terme anglais plywood pour désigner du contreplaqué. Toutefois, ce mot est presque disparu dans la langue écrite, les annonces et les sites web.

— Depuis la COVID, le prix du plywood a connu une flambée. Les consommateurs s’y brûlent.

— Le plywood gagne ses lettres de noblesse. De plus en plus de designers l’utilisent comme matériau principal dans la fabrication de meubles.

Cogner des clous ne signifie pas toujours cogner des clous

Heureusement pour la communication dans la francophonie, au Québec, un marteau est un marteau et les clous sont des clous.

Toutefois, si on cogne des clous après une longue journée de rénovation, cela ne veut pas dire qu’on enfonce des clous avec un marteau, mais plutôt qu’on s’endort.

En effet, l’expression cogner des clous signifie « dodeliner la tête lorsqu’on combat le sommeil ».

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