De quelle charrue parle-t-on?
Le mot charrue a deux sens propres au Québec. D’abord, la charrue est un camion muni d’une lame recourbée pour déblayer la neige. Le mot chasse-neige, utilisé en France, est peu employé par les Québécois. L’autre sens du mot charrue va vous surprendre. En effet, une charrue, c’est aussi une femme aux mœurs légères.
— Il est tombé trop de neige, même les charrues restent bloquées.
— Le conducteur de la charrue était paqueté (saoul). La police l’a arrêté. Après, la charrue est restée au milieu de la rue, car personne ne savait comment la conduire.
— Conduire des charrues et des souffleuses (chasse-neige à soufflerie), c’est le rêve de nombreux petits Québécois.
Comme synonyme de charrue, nous employons aussi le mot gratte qui est un camion muni d’un immense grattoir (lame recourbée) pour pousser la neige sur le côté de la rue. Autrement dit, une charrue.
— La gratte a écrasé le chien du voisin. On a tous vu Max disparaître dans la neige.
La charrue méprisée
Le sens de charrue, femme aux mœurs légères, est peu connu des plus jeunes Québécois. Toutefois, les plus âgés le connaissent bien cette insulte.
— J’ignore comment Monsieur Poitras aime ça avoir une charrue comme fille. Elle est tellement vulgaire! Sa mère doit se retourner dans sa tombe.
— Ah les hommes, on sait bien, vous voulez juste des charrues! Les femmes intelligentes, ça vous fait peur!
— La mère de Jules l’a averti, pas question qu’il amène une charrue à la maison.
Les deux sens du mot charrue sont si éloignés l’un de l’autre que les risques de mal les interpréter sont presque nuls, à moins de dire :
— Jules s’est fait frapper par une charrue.
Dans ce cas, Jules a peut-être été giflé par une femme ou écrasé par un chasse-neige. Seules les blessures pourront nous dire laquelle est la bonne version.