Un bon Saint-Laurent frappé s’il vous plaît

L’été est à nos portes. Il ne faut surtout pas oublier de bien s’hydrater.

Mais quoi boire ? Un Saint-Laurent frappé, une petite broue, un breuvage chaud, une liqueur froide, une slush verte ? Trop de choix, trop de mots au sens nébuleux.

Un Saint-Laurent frappé

La locution Saint-Laurent frappé est synonyme d’« eau du robinet ». Elle fait référence au fleuve Saint-Laurent, l’une des meilleures sources d’eau potable au monde, même si aujourd’hui, personne ne se risquerait à boire cette eau sans qu’elle soit passée par une usine d’épuration.

Notez qu’on n’utilise pas très souvent cette locution. La plupart du temps, on dira plutôt « de l’eau », « de l’eau du robinet » ou « de l’eau plate ».

En France, on utilise parfois l’expression Château-la-Pompe pour parler de façon imagée de l’eau du robinet.

Exemples :

— Est-ce que vous désirez une bière, un verre de vin? Non, merci. Juste un Saint-Laurent frappé.

— Ce soir, je suis le conducteur désigné. Que du Saint-Laurent frappé pour moi.

— J’ai perdu dix livres (environ quatre kilos) depuis que je bois du Saint-Laurent frappé à la place de la liqueur (boisson gazeuse).

Une petite broue

Le mot broue désigne trois choses distinctes. Selon les circonstances, ce nom (dérivé du mot anglais brew) signifie « bière », « mousse » ou « écume ».

Dictionnaire québécois : une broue, tiré du mot anglais brew, peut vouloir dire trois choses : bière, mousse ou écume.
Photo tirée de l’exposition «Autour d’une broue, l’aventure de la bière au Québec» au musée POP, à Trois-Rivières.

Dans le contexte de cet article, le mot broue est synonyme de « bière ».

Exemples :

— J’ai le goût d’une bonne broue ben frette (une bonne bière bien froide).

— Je n’ai pas besoin d’aller loin pour être heureux. J’ai juste à m’asseoir sur mon balcon avec une couple de petites broues (quelques bières).

Connaissez-vous les expressions québécoises péter de la broue et avoir de la boue dans le toupet ?

Notre liqueur n’est pas votre liqueur

Une autre particularité linguistique québécoise qui sème une certaine confusion dans les oreilles des Français est l’utilisation du mot liqueur.

Au Québec, liqueur est souvent synonyme de « boisson gazeuse » et pas seulement de « boisson alcoolisée sucrée et aromatisée », comme de la liqueur de menthe.

Voilà pourquoi certains parents offrent de la liqueur à leurs enfants sans être des adultes dénaturés pour autant.

Ne soyez donc pas surpris si, à bord de l’avion qui vous mène au Québec, votre (qc)agent de bord(/qc) (steward ou hôtesse de l’air) propose une bonne liqueur à votre enfant.

Exemples :

— Durant la semaine, je n’aime pas que mes enfants boivent de la liqueur.

— À l’école de mes enfants, la cafétéria a cessé de servir de la liqueur.

Coke ou coca ?

Pendant que les Français boivent du Coca, les Québécois préfèrent le Coke.

Exemples :

— Je vais prendre un Coke avec mon hamburger.

— On n’a pas de Coke, juste du Pepsi. Est-ce que ça fait pareil (quand même) ?

— Oui, ça fait pareil (ça me convient quand même).

Quant au Pepsi, il reste un Pepsi d’un côté et de l’autre de l’Atlantique.

Un bon breuvage avec ça ?

Les Québécois donnent au mot breuvage une signification qui est inconnue dans le reste de l’espace francophone.

Le sens du mot breuvage en québécois. Une serveuse souriante présente du café à ses clients.
Un bon breuvage pour terminer le repas? On a aussi une bonne tarte au sucre.

Influencé par la signification du mot anglais beverage, le breuvage québécois a le sens de « boisson ».

Peu de Québécois soupçonnent qu’en France, un breuvage est une boisson de composition spéciale, comme un breuvage pour un malade ou le breuvage d’un sorcier.

Au restaurant, les serveurs et serveuses offrent fréquemment de terminer le repas avec « un bon breuvage ». Ils vous proposent alors un café, un thé ou une tisane. Si vous êtes à un comptoir de fast-food, et qu’on vous demande « et comme breuvage ? », on vous offre de choisir entre une boisson gazeuse, un café, un thé ou tout autre liquide non alcoolisé… sauf la soupe !

Exemples :

— Qu’est-ce que vous allez prendre comme breuvage ? C’est inclus dans la table d’hôte.

— Pour le souper spaghetti de dimanche soir à la salle communautaire, vous n’avez qu’à apporter vos breuvages et votre bonne humeur. (Dans ce contexte, breuvage désigne toutes les boissons, aussi bien les jus, les boissons gazeuses, les boissons chaudes, que les boissons alcoolisées.)

La slush d’été, la slush d’hiver

Nous avons deux sortes de slush au Québec. L’une, que l’on déteste, est synonyme de temps froid, et l’autre, que l’on adore, est synonyme de beau temps.

Chaque fois que je bois de la slush à la lime, j’ai l’impression d’avoir encore 5 ans.

La slush peut être de la neige fondante qui recouvre les routes ou les trottoirs et que personne ne boit volontairement. Ce mot peut aussi désigner une boisson glacée fabriquée avec de la glace finement concassée mélangée avec du sirop. Certains préfèrent le terme « barbotine » pour parler de cette slush sucrée.

Il existe deux graphies distinctes : slush ou sloche.

Exemples :

— Chaque fois que je bois ma slush trop vite, j’ai mal aux sinus. Et malgré mes 40 ans d’expérience, je me fais encore avoir à tous les coups.

— J’ai fait un test à l’aveugle, et toutes les couleurs de sloche goûtent la même chose (ont le même goût).

Fontaine ou abreuvoir ?

Au Québec, le mot abreuvoir est un synonyme de « fontaine ».

Abreuvoir pour usage humain
Abreuvoir pour usage humain

L’abreuvoir n’est donc pas réservé aux animaux, comme en France.

Voilà pourquoi les Français sont surpris d’entendre :

« Je n’aime pas ça quand un chien liche (lèche) l’abreuvoir. Franchement, j’aime les chiens, mais pas au point de partager les abreuvoirs avec eux ! »

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