Le « clou » dans les expressions québécoises
Au Québec, le mot clou a inspiré la création de plusieurs expressions imagées. Bien que ces expressions soient si faciles à comprendre pour nous, elles peuvent demeurer obscures pour les francophones des autres pays.
Dans cet article, nous nous pencherons sur les expressions cogner des clous, être cassé comme un clou, pleuvoir des clous, frapper sur le clou, le dernier clou dans le cercueil, sans oublier mélangé comme un sac de clous.
Cogner des clous
L’expression cogner des clous s’inspire de la façon dont nous dodelinons de la tête lorsque nous combattons le sommeil en position assise. La tête tombe alors par à-coups, rappelant le mouvement d’un marteau.
Cogner de clous, c’est donc somnoler alors qu’on est assis et qu’on essaie de rester éveillé. C’est la lutte difficile contre l’endormissement, durant laquelle le sommeil profite d’un net avantage.
Exemples :
— Le moment le plus stressant de ma vie, c’est la fois où j’ai remarqué que le pilote de l’avion cognait des clous. C’est paradoxal, mais ça m’a réveillé d’un coup.
— Je manque de stimulation pour réussir mes cours. Même dans mes examens, je cogne des clous.
— Ma grand-mère a cogné des clous pendant toute la cérémonie de notre mariage. Elle se raclait la gorge bruyamment toutes les cinq minutes pour essayer de rester éveillée.
Donc, cogner de clous, c’est somnoler en position assise, tout en essayant de rester éveillé. C’est le difficile combat contre l’endormissement.
Pour un complément d’information, nous vous invitons à lire l’article Pas besoin d’être menuiser pour cogner des clous.
Être cassé comme un clou
L’expression être cassé comme un clou signifie « être fauché, être sans le sou ».
Exemples :
— J’ai commencé à vendre mes outils, dont mon marteau pneumatique, car je suis cassé comme un clou.
— Si j’avais su que je me retrouverais cassé comme un clou à quarante ans, je n’aurais jamais étudié si longtemps.
— Écoute, j’ai honte, mais je dois te l’avouer, je suis cassé comme un clou. Est-ce que tu pourrais me donner une petite avance ? Ou encore mieux, me faire un don…
Pleuvoir des clous
L’expression pleuvoir des clous veut dire « pleuvoir abondamment ». Nous disons aussi « il tombe des clous » pour décrire des pluies violentes.
Exemples :
— C’était la première fois que je faisais du camping et il a plu des clous pendant les trois jours. On ne m’y reprendra plus.
— Ça fait trois Noëls de suite qu’il tombe des clous. Nos beaux Noëls blancs seront bientôt que des souvenirs d’une autre époque.
Nous disons aussi (qc)ça tombe comme des clous(/qc) pour décrire de fortes pluies.
— À mon mariage, ça tombait comme des clous. Bon ou mauvais présage ? L’avenir le dira.
— Il mouille, c’est effrayant ! Ça tombe comme des clous.
Au Québec, on utilise souvent le verbe mouiller comme synonyme de « pleuvoir ».
Frapper sur le clou
L’expression frapper sur le clou ou «frapper sur le même clou» est synonyme d’« insister », de « taper sur le clou », c’est-à-dire « insister, répéter sans cesse la même leçon, souvent de manière ennuyeuse ou irritante ».
Exemples :
— À force de frapper sur le clou, ça va peut-être finir par rentrer, dit un professeur épuisé de toujours répéter les mêmes choses à ses étudiants.
— Vas-tu arrêter de toujours frapper sur le même clou ? Ça va, j’ai compris.
— Jules ne décroche pas. Il frappe toujours sur le même clou. Au début, je lui donnais raison, mais là, il commence à m’exaspérer.
Planter le dernier clou dans le cercueil
Inspirée librement de l’expression anglaise a nail in someone coffin, l’expression planter le dernier clou dans le cercueil est synonyme de « donner le coup de grâce ».
Exemples :
— Quand la banque a refusé de renouveler le financement de mon entreprise, ils ont planté le dernier clou dans mon cercueil.
— Avec ses plus récentes compressions, le gouvernement a probablement planté le dernier clou dans le cercueil de Radio-Canada.
Le dernier clou dans le cercueil, c’est aussi la goutte qui fait déborder le vase.
— Le restaurant La belle grosse poutine envisageait déjà de déclarer faillite durant la covid, et l’incendie qui a détruit le bâtiment a été le dernier clou dans le cercueil.
Être mélangé comme un sac de clous
L’amusante expression être mélangé comme un sac de clous signifie « être très confus, brouillon ou chaotique dans son organisation ». Certains préfèrent la version « être mélangé comme une poignée de clous ».
Exemples :
— J’ai lu les instructions de montage de mon meuble IKEA. Je n’ai rien compris. Je peux dire que je suis mélangé comme un sac de clous.
— Mon médecin était mélangé comme un sac de clous. Sa secrétaire lui avait remis le mauvais dossier. Il auscultait mon tendon d’Achille alors que je venais pour une otite.
Être mélangé comme un sac de clous, c’est aussi être mélangé comme un jeu de cartes. Ces deux expressions savoureuses sont de parfaits synonymes.
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