Le diable dans les expressions québécoises
Est-ce notre tradition catholique qui explique la présence du diable dans plusieurs expressions québécoise ? Difficile à dire, mais une chose est certaine : l’influence de la religion a diminué dans nos vies quotidiennes, alors que le diable est resté très actif dans notre langue.
Connaissez-vous la différence entre « s’en aller chez le diable » et « envoyer chez le diable »?
S’en aller chez le diable
L’expression s’en aller chez le diable signifie « tomber en ruine, se détériorer, se diriger vers un échec ».
— La maison de mes grands-parents s’en va chez le diable. Ils n’ont plus la force de l’entretenir.
— Avec Trump comme président, les États-Unis s’en vont chez le diable.
Envoyer chez le diable
Pour envoyer paître quelqu’un ou le rabrouer, les Québécois lui diront d’aller chez le diable, plutôt que d’aller au diable. Certains prononcent « aller su’l yâbe ».
— Jules m’a fait deux chèques qui ont rebondi (des chèques sans provision). Et hier, il a eu le culot de venir me demander de l’aider à déménager. Je l’ai envoyé chez le diable, ça n’a pas été long!
— Quand il était avec sa gang de chums (sa bande de copains), Jules riait de moi. Une fois seul, il s’est mis à me cruiser (me draguer). Je l’ai envoyé chez le diable.
Quand diable devient un adverbe
Pas le diable, que nous prononçons « pas l’diâbe » ou « pas l’yâbe », est une locution adverbiale synonyme de « pas beaucoup, presque rien ».
— Ça vaut pas le diable c’te patente-là (cet objet, cette chose).
— Ça paye pas le diable, c’te job-là. Des fois, je regrette de ne pas avoir pris le PCU de Trudeau (programme d’aide gouvernementale) et de ne pas être resté sur mon sofa.
Être en diable
L’expression être en diable veut dire « être très en colère, être furieux ».
— Il paraît que le pape était en diable quand il a appris que d’autres curés avaient commis des actes répréhensibles.
— Ne t’en fais pas avec Jules, il est toujours en diable après quelqu’un (fâché contre quelqu’un). Ça le stimule, ça le motive. Je dirais même que ça le met de bonne humeur.
Sentir le diable
Sentir le diable c’est puer à plein nez.
— On a visité une maison à vendre, mais ça sentait tellement le diable qu’on est ressortis presque tout de suite. Je me demande bien qui va acheter ça.
— Je ne comprends pas pourquoi le monde (les gens) aime tant les fromages bleus. Mon Dieu que ça sent le diable!
Note : sur l’illustration, le diable québécois portant la tuque dit « icitte ». Ici (dans ce contexte), icitte est synonyme d’« ici, en ce lieu, en cet endroit ».
Ça parle au diable!
L’expression ça parle au diable signifie simplement « c’est incroyable ».
— Jules a fini premier! Ben, ça parle au diable!
— Ça parle au diable! Viens voir, il y a un orignal (élan) dans la piscine.
Le diable est aux vaches
L’expression le diable est aux vaches n’est pas typiquement québécoise puisqu’elle est originaire de la France. Toutefois, elle y est considérée comme vieillie, alors qu’au Canada, elle reste encore très vivante.
Le diable est aux vaches signifie que rien ne va plus, que le désordre règne, que le chaos s’est installé.
Pour en apprendre plus sur cette expression, et plusieurs autres construites avec le mot vache, nous vous invitons à lire l’article : Le diable est aux vaches.