Le bonhomme québécois

Parfois affectueux, parfois péjoratif, le mot bonhomme est très présent dans le vocabulaire des Québécois.

On va avoir du fun, c'est de la neige à bonhomme, dit Jules le Québécois à son cousin Français

La neige à bonhomme, c’est de la neige fondante qu’on peut modeler en boules pour sculpter des bonshommes de neige.

Pour les lecteurs peu familiers avec les différentes sortes de neige, il faut savoir que la neige fondante (lorsque la température avoisine les 0 °C) est plus collante. Elle est donc plus facile à façonner. Tandis qu’à une température de -20 °C, les flocons se lient difficilement entre eux. Par grands froids, il est plus ardu de faire des bonshommes de neige.

De plus, il ne faut pas confondre la neige à bonhomme et la slush. La slush, c’est de la neige très fondante mélangée à de l’eau. Elle est beaucoup trop liquide pour former des balles de neige.

Une petite fille construit un bonhomme d eneige. La neige est idéale, de la vraie neige à bonhomme. En québécois, la neige à bonhomme est de la neige mouillée.
Julie fait son premier bonhomme de neige de l’hiver. Aujourd’hui, la neige à bonhomme est parfaite. Il faut en profiter.

Les petits bonshommes

Les enfants québécois adorent regarder les petits bonshommes, c’est-à-dire les « dessins animés ».

Exemples :

— Mon plus jeune peut regarder les petits bonshommes pendant des heures sans dire un mot.

— J’ai appris l’anglais en regardant les petits bonshommes à la télévision anglophone.

— Mon petit bonhomme préféré, c’était Fred Caillou.

Nous utilisons aussi la locution petits bonshommes pour parler des bandes dessinées (en version papier). La locution les petits Mickey, comme synonyme de « bandes dessinées », est très peu connue au Québec.

Exemples :

— Je ne lis jamais les journaux. Je ne fais que jeter un coup d’œil aux petits bonshommes. C’est meilleur pour le moral.

À noter que nous prononçons habituellement le singulier et le pluriel de la même façon. Le premier « s » du pluriel, bon(s)hommes, reste muet la plupart du temps.

Mon bonhomme et mon petit bonhomme

Mon petit bonhomme est un terme affectueux qu’un père, par exemple, utilise pour parler de son fils.

Exemples :

— Je ne croyais pas qu’avoir un petit bonhomme allait changer ma vie à ce point.

Mais attention, le mot bonhomme, utilisé sans l’adjectif petit, par un fils qui parle de son père peut être un terme affectueux ou péjoratif.

— Je suis inquiet, mon bonhomme commence à être malade. Il ne rajeunit pas.

— Ma mère ne sait plus quoi faire. Le bonhomme n’est plus endurable depuis qu’il a pris sa retraite.

Le beau bonhomme

La locution beau bonhomme permet de complimenter le physique d’un homme sans entrer dans le jeu de la séduction.

Exemples :

—Il est beau bonhomme ton nouvel amoureux.

— Ma sœur s’est trouvé un beau bonhomme.

— T’es vraiment beau bonhomme sur ta nouvelle photo de Facebook.

Être en petit bonhomme

La locution être en petit bonhomme signifie « être accroupi ».

Un photographe travaille en petit bonhomme
Je n’aime pas ça travailler en petit bonhomme. Le sol est trop bas pour moi.

Exemples :

— Comme je suis très grand, pour ne pas effrayer les enfants, je me mets en petit bonhomme pour leur parler. Les enfants aiment ça, mes genoux, beaucoup moins.

— Je vais être raqué (courbaturé) demain. J’ai passé une partie de la journée en petit bonhomme à réparer les freins de ma voiture.

Il ne faut pas confondre être en petit bonhomme et être assis en indien. Être en petit bonhomme, c’est être accroupi, alors qu’être assis en indien, c’est être assis en tailleur (locution peu connue au Québec), c’est-à-dire être assis les jambes à plat et repliées sur le sol, les genoux écartés.

Va donc chez le bonhomme !

Lorsqu’on dit à quelqu’un d’aller chez le bonhomme (on entend aussi « aller sus l’bonhomme »), on l’invite à aller se faire voir, à aller au diable (au Québec, nous disons plutôt « aller chez le diable »).

Exemples :

— Va donc chez le bonhomme et sacre-moi patience !

— Tu peux bien aller chez le bonhomme ! Je n’en ai rien à foutre de ce que tu penses.

Le bonhomme Sept-Heures

Plusieurs Québécois seront surpris d’apprendre que le bonhomme Sept-Heures est une création du Québec.

Personnage imaginaire, malicieux sinon méchant, présenté comme une menace aux enfants désobéissants ou ceux qui refusent d’aller au lit.

Le bonhomme Sept-Heures, dont le caractère peut se rapprocher de celui du Marchand de sable, est un personnage mythique de la civilisation traditionnelle, qui est bien connu dans toutes les régions du Québec.

— Office québécois de la langue française

Au Canada francophone, on disait aux enfants qui refusaient d’aller se coucher que le maléfique bonhomme Sept-Heures allait les kidnapper s’ils étaient encore debout après sept heures.

Aujourd’hui, ces histoires traditionnelles sont presque tombées dans l’oubli. Toutefois l’expression a survécu et sert à dénoncer une tentative d’intimidation.

Exemples :

— Ce n’est pas avec tes histoires de bonhomme Sept-Heures que tu vas nous faire peur.

— Franchement, il ne réussira pas à me convaincre avec ses histoires de bonhomme Sept-Heures.

Le célèbre Bonhomme Carnaval

Le Bonhomme Carnaval, connu de presque tous les Québécois, est la mascotte du Carnaval de Québec, qui se déroule au mois de février chaque année.

Né en 1955, il revient d’année en année pour inviter les Québécois à participer à la fête. Cette longévité diffère des bonshommes Carnaval d’Europe, faits de paille ou de bois, qui sont brûlés à la fin des festivités.

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