Le bonhomme québécois
Le mot bonhomme offre une grande variété de nuances en français québécois, en fonction du contexte.
Parfois affectueux, parfois péjoratif, le mot bonhomme s’invite souvent dans le vocabulaire des Québécois, mais sa signification peut s’avérer difficile à deviner.
Par exemple, « c’est tout un bonhomme ! » peut exprimer l’admiration et le respect, alors que « as-tu vu le bonhomme ? » est plutôt teinté de condescendance et de mépris.
Mon bonhomme et mon petit bonhomme
Dans le contexte familial québécois, l’utilisation du mot bonhomme révèle de nombreuses subtilités.
Par exemple : mon petit bonhomme est un terme affectueux qu’un père ou une mère utilise pour parler de son fils.
Mais attention, le mot bonhomme, utilisé sans l’adjectif petit, par un fils qui parle de son père, est d’un usage plus nuancé. Cette appellation peut être porteuse de sens opposés : affectueux ou péjoratif. Tout est dans le ton.
Exemples :
— Je ne croyais pas qu’avoir un petit bonhomme allait changer ma vie à ce point. (Ici, on parle du fils.)
— Je suis inquiet, mon bonhomme commence à être malade. Il ne rajeunit pas. (Ici, on parle du père.)
— Mon bonhomme n’est plus endurable depuis qu’il a pris sa retraite. Je ne sais plus quoi faire. (Ici, on parle de l’époux.)
Il est intéressant de noter la prononciation distinctive du mot bonshommes, au pluriel. Au Québec, nous prononçons habituellement le singulier « bonhomme » et le pluriel « bon(s)hommes » de la même façon, soit en suivant la prononciation du singulier.t son fils, entre un mari et son épouse.
Le bonhomme de neige
La locution bonhomme de neige désigne une sculpture réalisée en neige compactée ressemblant vaguement à une personne.
La neige à bonhomme, c’est de la neige fondante qu’on peut modeler en boules pour sculpter des bonshommes de neige. Elle est aussi idéale pour faire des balles de neige.
Pour les lecteurs peu familiers avec les différentes sortes de neige, il faut savoir que la neige fondante (lorsque la température avoisine les 0 °C) est plus collante. Elle est donc plus facile à façonner. Tandis qu’à une température de -20 °C, les flocons se lient difficilement entre eux. Par grands froids, il est plus ardu de faire des bonshommes de neige.
De plus, il ne faut pas confondre la neige à bonhomme et la slush, qui est de la neige très fondante mélangée à de l’eau. Elle est beaucoup trop liquide pour former des balles de neige.
Les petits bonshommes
Les enfants québécois adorent regarder les petits bonshommes, c’est-à-dire les « dessins animés » (ou films d’animation).
Exemples :
— Mon petit bonhomme peut regarder les petits bonshommes pendant des heures sans dire un mot.
— J’ai appris l’anglais en regardant les petits bonshommes à la télévision anglophone.
— Mon petit bonhomme préféré, c’était Fred Caillou.
Nous utilisons aussi la locution petits bonshommes pour parler des bandes dessinées (en version papier). La locution les petits Mickey, comme synonyme de « bandes dessinées », est très peu connue au Québec.
Exemples :
— Je ne lis jamais les journaux. Je ne fais que jeter un coup d’œil aux petits bonshommes. C’est meilleur pour le moral.
À noter que nous prononçons habituellement le singulier et le pluriel de la même façon. Le premier « s » du pluriel, bon(s)hommes, reste muet la plupart du temps.
Le beau bonhomme
La locution québécoise beau bonhomme permet de complimenter le physique d’un homme sans entrer dans le jeu de la séduction. Cette locution peut être employée pour parler d’un homme de n’importe quel âge, aussi bien un bambin qu’un homme d’âge mûr.
Exemples :
— Il est beau bonhomme, ton nouvel amoureux.
— Il ne faut jamais perdre espoir. Ma sœur s’est trouvé un beau bonhomme, même si elle ressemble à un orignal (élan).
— T’es vraiment beau bonhomme sur ta nouvelle photo de Facebook.
Être en petit bonhomme
La locution être en petit bonhomme signifie « être accroupi ».
Exemples :
— Comme je suis très grande, pour ne pas effrayer les enfants, je me mets en petit bonhomme pour leur parler. Les enfants aiment ça, mais mes genoux, beaucoup moins.
— Je vais être raqué (courbaturé) demain. J’ai passé une partie de la journée en petit bonhomme à réparer les freins de ma voiture.
Il ne faut pas confondre être en petit bonhomme et être assis en indien. Être en petit bonhomme, c’est être accroupi, alors qu’être assis en indien, c’est être assis en tailleur (locution peu connue au Québec), c’est-à-dire être assis les jambes à plat et repliées sur le sol, les genoux écartés.
Va donc chez le bonhomme !
Lorsqu’on dit à quelqu’un d’aller chez le bonhomme (on entend aussi « aller sus l’bonhomme »), on l’invite à aller se faire voir, à débarrasser le plancher, à aller au diable (au Québec, nous disons plutôt « aller chez le diable »).
Cette expression, très directe, voire brusque, exprime l’exaspération.
Exemples :
— Va donc chez le bonhomme et sacre-moi patience ! (Fous-moi la paix !)
— Tu peux bien aller chez le bonhomme ! Je n’en ai rien à foutre de ce que tu penses.
Le bonhomme Sept-Heures
Plusieurs Québécois seront surpris d’apprendre que le bonhomme Sept-Heures est une création du Québec.
Le bonhomme Sept-Heures est un personnage imaginaire, malicieux, sinon méchant, présenté comme une menace aux enfants désobéissants ou qui refusent d’aller au lit.
Le bonhomme Sept-Heures, dont le caractère peut se rapprocher de celui du Marchand de sable, est un personnage mythique de la civilisation traditionnelle, qui est bien connu dans toutes les régions du Québec.
— Office québécois de la langue française
Au Canada francophone, on disait aux enfants qui refusaient d’aller se coucher que le maléfique bonhomme Sept-Heures allait les kidnapper s’ils étaient encore debout après sept heures.
Aujourd’hui, ces histoires traditionnelles sont presque tombées dans l’oubli. Toutefois, les Québécois l’emploient désormais pour critiquer ou dénoncer des comportements intimidants.
Exemples :
— Ce n’est pas avec tes histoires de bonhomme Sept-Heures que tu vas nous faire peur.
— Franchement ! S’il pense m’impressionner avec ses grossières histoires de bonhomme Sept-Heures.
Le célèbre Bonhomme Carnaval
Le Bonhomme Carnaval, connu de presque tous les Québécois, est la mascotte du Carnaval de Québec, qui se déroule au mois de février chaque année.
Né en 1955, le Bonhomme Carnaval revient chaque année pour inviter les Québécois à participer à la fête. Cette longévité diffère de celle des bonshommes Carnaval d’Europe, faits de paille ou de bois, qui sont brûlés à la fin des festivités.
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