La ministre et les poqués
La ministre et les poqués, le titre d’un article paru dans le journal La Presse, est un bel exemple de la langue québécoise.
Le mot poque a plusieurs significations dont ceux de bosse, contusion ou ecchymose.
Pour bien comprendre le titre La ministre et les poqués, il faut savoir que, dans ce contexte, le mot poqués décrit des personnes mal en point, meurtries par la vie, laissées pour compte de la société.
— Le gouvernement coupe l’aide aux poqués afin de baisser l’impôt des plus favorisés.
— Le soir, on regarde un reportage sur les enfants poqués, puis on les oublie le lendemain.
— Quand on naît dans une famille de poqués, c’est vraiment difficile de réussir à se faire une place dans la société.
La ministre
Vous avez peut-être aussi remarqué qu’au Québec, nous avons l’habitude de féminiser le nom des fonctions. Nous avons donc des présidentes, des directrices, des écrivaines, etc. Dans le cas de noms épicènes (c’est-à-dire qu’ils ont la même forme au féminin et au masculin) comme ministre, nous utilisons l’article approprié au genre, comme dans le titre La ministre et les poqués.
Les multipoqués
Depuis quelques années, le néologisme multipoqué est apparu dans la langue québécoise.
Les multipoqués sont des personnes aux prises avec une combinaison de problèmes comme la pauvreté, la maladie, le manque d’éducation, la violence domestique, etc.
— Il est presque impossible pour un enfant multipoqué de réussir à l’école sans aide extérieure.
— On croit qu’en coupant leurs prestations d’assistance sociale, les multipoqués vont réintégrer le marché du travail comme par magie.
Une grosse poque
Au Québec, le mot poque a plusieurs significations. D’abord, poque veut dire « bosse, contusion ou ecchymose, généralement causée par un coup ».
— Hier, j’ai fait du ski alpin pour la première fois de ma vie. Aujourd’hui, j’ai des poques partout.
— Tu vas nous dire que la poque que tu as dans la face (visage), tu te l’es faite en fonçant dans une porte?
— Je ne peux pas continuer à jouer, je me suis fait une grosse poque sur le genou.
Le mot puck, qui se prononce « poque », est une rondelle de hockey (aussi appelé palet en France). On peut donc avoir une grosse poque à cause d’une puck.
L’autre sens de poque
Le mot poque peut aussi être utilisé comme synonyme d’« entaille, de bosse, de meurtrissure ».
— J’ai prêté ma voiture à mon beau-frère, et il me l’a rapporté couverte de poques.
— Les livreurs ont fait une grosse poque sur ma belle table neuve.
— Les pommes ne sont vraiment pas belles aujourd’hui. Elles sont pleines de poques.
Avoir l’air poqué
Les locutions être poqué et avoir l’air poqué sont synonymes d’« être ou avoir l’air très fatigué. »
— Tu as l’air poqué? As-tu pris une brosse (une cuite) hier soir?
— J’ai toujours l’air poqué, même si je dors huit heures par jour.
— Je n’ai pas seulement l’air poqué. Je le suis vraiment.