J’ai mon voyage
L’été, c’est le moment idéal pour partir en voyage, mais pas pour avoir son voyage.
En effet, les Québécois détestent «avoir leur voyage». Cette expression signifie en avoir plein son casque ou si vous préférez en avoir sa claque, en avoir marre.
— Si le patron me dénigre encore une fois, je démissionne. J’ai mon maudit voyage de cette job-là » (remarque, au Québec, on emploie généralement le mot job au féminin).
Pour approfondir votre connaissance de cette expression, consultez l’article plus récent j’ai mon voyage, consultez
Les autres sens d’avoir son voyage
L’expression «avoir son voyage» peut aussi servir d’avertissement à quelqu’un. C’est une façon de lui dire très clairement que notre limite de patience est atteinte :
— Je commence à avoir mon voyage de ton manque de respect.
Dans certains contextes, « j’ai mon voyage » peut aussi exprimer l’étonnement.
— Quoi? C’est Roger qui a obtenu la promotion? Ben, j’ai mon voyage!
Écrire en lettres moulées
Cousin français, si dans l’avion, un agent de bord (steward ou hôtesse de l’air) vous demande de remplir le formulaire des douanes en lettres moulées, ne craignez rien, vous n’avez pas à écrire en trois dimensions. Écrire en «lettres moulées» signifie simplement écrire en imitant les caractères d’imprimerie afin de faciliter la lecture.
Un breuvage ou une liqueur?
Durant le vol, l’hôtesse vous proposera peut-être «un bon breuvage avec ça?»
Au Québec, le mot «breuvage» est synonyme de boisson chaude ou froide, un usage influencé par le «beverage» anglais. Voilà pourquoi, à la fin d’un repas au restaurant, les Français sont surpris de se faire demander : «Un bon breuvage pour terminer le repas?»
Les Québécois sont donc bien loin de la définition française du mot breuvage qui est : « une boisson de composition spéciale, un breuvage pour un malade.»
Il se peut aussi que l’hôtesse vous propose une bonne «liqueur froide. Au Québec, le mot «liqueur» est surtout utilisé comme synonyme de boisson gazeuse. Ne soyez donc pas surpris d’entendre un petit garçon demander à sa mère «d’avoir une autre liqueur» et que celle-ci réponde : «Tu en as déjà eu deux ce matin. Attends à cet après-midi pour la troisième.»
Finalement, pour rester dans le thème des «breuvages», nous buvons du Coke, jamais du Coca. Et nous ne consommons pas de «Coca light», nous préférons le Coke diète.
À leur sortie de l’avion, les Québécois en France et les Français au Québec vivront de magnifiques découvertes et aussi quelques surprises linguistiques.
Bon voyage en espérant que vous n’aurez pas votre voyage trop vite.
Profitez de votre séjour pour découvrir le lexique québécois.