J’ai donc de la misère
La populaire expression québécoise avoir de la misère est synonyme d’éprouver de la difficulté à accomplir une tâche, à terminer une activité.
Exemples :
— J’ai donc de la misère à comprendre le québécois.
— Depuis quelque mois, j’ai de la misère à lire sans mes lunettes.
— J’avais trop de misère à réparer le drain. Je me suis résigné à engager un plombier.
Il existe aussi la version « j’ai toutes les misères du monde » que l’on pourrait qualifier de superlative. « J’ai toutes les misères du monde à boucler les fins de mois avec mon salaire de crève-faim. »
On mange de la misère
Au Québec, lorsqu’on traverse des épreuves on mange de la misère
Exemples :
— Depuis l’adoption des nouvelles règles de l’assurance-chômage, les chômeurs n’arrêtent pas de manger de la misère. ( Note, le gouvernement a rebaptisé l’assurance-chômage en assurance-emploi pour lui donner une connotation positive, mais dans la langue parlée on emploie pas le mot emploi, on préfère assurance-chômage.)
— Nos ancêtres, eux, ils en ont mangé de la vraie misère.
Pour plus de précision, « manger de la misère », c’est une coche au-dessus d’éprouver de la difficulté. Le mot « coche » signifie, entre autres, rang, degré ou cran.
— As-tu entendu le petit nouveau jouer du piano? Il est une coche au-dessus des autres de sa classe. » (Pour découvrir les autres sens de coche, comme celui de «péter sa coche».)
Les autres sens d’avoir de la misère
La locution « avoir de la misère » s’emploie aussi à d’autres sauces. Par exemple, elle est utilisée comme synonyme de « j’ai peine à te croire » ou de « j’ai du mal à te croire ».
Exemples :
— Tu me racontes encore des sornettes, j’ai de la misère à croire à tes explications.
— Tu vas avoir de la misère à me convaincre que tu mérites une augmentation.
L’expression « Avoir de la misère » est si courante que les Québécois pures laines ignorent qu’elle est incomprise des autres francophones.
La locution « pure laine » décrit un Québécois dont les ancêtres sont issus de la colonisation française d’avant la conquête (1760).
— Thibodeau de Gaspésie, lui, c’est un vrai pure laine.
— On trouve de moins en moins de pures laines à Montréal.
Toutefois, avec la transformation de la société québécoise, l’expression « pure laine » évolue et décrit aussi les enfants d’immigrés bien intégrés.
— On est arrivé au Québec il y a dix ans, et mes deux gars sont devenus de vraies pures laines.
Un immigrant qui dirait spontanément : « Je n’ai eu aucune misère à devenir un pure laine » pourrait se dire qu’il a réussi avec brio son intégration.