Je dis en québécois, tu dis en français : l’école
Ce texte à quatre mains a été écrit par Vincent Guérineau de la France et de Patrice Hudon du Québec.
En France et au Québec, c’est déjà la rentrée des classes. Toutefois au Québec, c’est aussi le retour à l’école, tiré de l’anglais back to school.
Est-ce que vous « coulez des cours » en France?
Vincent Non, pas que je sache, mais dis-moi en plus pour être sûr.
Patrice Au Québec, quand nous coulons un examen, nous sommes recalés, nous n’obtenons pas la note de passage. Nous pouvons couler un examen, un test, une année et même un cours de natation.
Vincent Couler un cours de natation? J’aime bien. En France, pour exprimer l’échec à un examen nous utilisons souvent se planter:
— Comment ça s’est passé?
— Je me suis complètement planté (généralement avec un air dépité).
Devine le sens de l’expression « c’est une bolle »?
Vincent Cela ressemble beaucoup à être une boule. En France, le mot boule est souvent synonyme de « tête ». Donc, je déduis qu’une bolle, c’est quelqu’un qui réussit facilement à l’école.
Patrice Bien vu, même si le mot bolle n’est pas une déformation du mot boule. Mais être une bolle en québécois signifie effectivement « être doué pour les études, être très intelligent ».
— Il n’étudie jamais, et réussit tout. C’est une vraie bolle!
— Moi, par contre, je ne serai jamais assez bolle pour devenir astronaute…
Vincent À l’inverse, en France, nous utilisons l’expression c’est pas une flèche (les fans de la série Kaamelott la connaissent bien) pour décrire une personne un peu bête qui prend du temps à comprendre quelque chose. Nous utilisons aussi l’expression il est long à la détente pour qualifier une personne lente à saisir des concepts.
— Pour décrire une personne niaise, qui ne comprend pas vite, nous utilisons parfois le qualificatif franglais slomo qui est une contraction de slow motion (mouvement ralenti), et aussi le québécisme dur de comprenure.
Est-ce que tu connais l’expression « faire la girafe »?
Vincent Pas du tout! D’où sort-elle?
Patrice D’Afrique! Du moins, je crois : j’ai entendu un Africain l’utiliser pour parler de son confrère qui, durant un examen, « faisait la girafe » en regardant la copie de son voisin. J’ai simplement adoré cette expression et je tiens à la répandre.
Vincent C’est vrai qu’elle est bien imagée. Si un écolier venait à faire la girafe, il devrait bien faire attention, car si un pion (surveillant) le remarquait, il aurait une heure de colle (retenue). C’est sans doute une métaphore pour décrire la situation de l’élève obligé de rester quelque part où il ne veut pas forcément être : il est en quelque sorte « collé » à cet endroit.