Le rêve fly et la réalité jamme
Dans cette publicité télévisée de Re/Max, l’humoriste André Sauvé dit : « … de la manière que c’est fait, on dirait que le rêve fly et que la réalité jamme. »
Voilà un exemple frappant de l’utilisation de deux termes franglais dans une même phrase.
Selon le contexte, le verbe franglais flyer peut signifier « voler », « aller vite » ou « déguerpir ». Tandis que le verbe jammer, tiré du verbe anglais to jam, veut dire « coincer », « bloquer », « s’enrayer ».
La phrase « … on dirait que le rêve fly et que la réalité jamme » pourrait donc se traduire en français normatif par « … on dirait que le rêve se bute à la réalité ».
C’est donc ben flyé
Employé comme adjectif, le mot flyé signifie « original », « surprenant », « excentrique ».
Toutefois, il faut porter une attention particulière au contexte pour bien saisir les nuances. En effet, lorsqu’on on parle d’une personne flyée, l’adjectif flyé peut vouloir dire « original », mais il peut aussi être synonyme de « cinglé ».
— Jules est vraiment flyé (original, créatif), j’ignore où il va chercher toutes ses idées.
— Non, je ne veux pas l’avoir comme colocataire. Il est bien trop flyé (dingue, cinglé) pour moi.
Avoir la fly à l’air
Le mot fly peut aussi être un nom. Il est alors synonyme « braguette ». À noter que le terme braguette est compris par tous les Québécois, même s’il n’est pas d’un emploi courant. Nous employons aussi le terme plus générique de fermeture éclair comme synonyme de braguette.
L’expression avoir la fly à l’air signifie « avoir la braguette ouverte ».
— J’ai eu assez honte! C’est seulement à la fin de la soirée que je me suis rendu compte que j’avais la fly à l’air.
— Sur les photos de mon mariage, la première chose qu’on remarque, c’est que mon garçon d’honneur avait la fly à l’air.
Comme synonyme de braguette, nous employons aussi le mot zipper que nous prononçons « zippeur ». Cet autre terme franglais tire son origine du verbe to zip qui signifie « faire glisser la fermeture à glissière ».
À noter pour les non québécois : l’humoriste André Sauvé s’exprime avec un très fort accent de Montréal. De plus, il manie l’humour absurde avec un grand doigté et joue avec les particularités de la langue québécoise. Il représente tout un défi pour les oreilles non entraînées.