Je dis, tu dis : divers mots d’hiver en québécois, la suite
Ce texte à quatre mains a été écrit par Vincent Guérineau de la France et de Patrice Hudon du Québec.
Est-ce que nos souffleuses t’ont impressionné ?
Vincent Si tu fais référence aux aspirateurs géants qui récupèrent la neige et la versent ensuite dans des camions-bennes. Plutôt, oui ! C’est un sacré travail pour enlever la neige ici ! Dire que d’où je viens, on espère qu’elle reste un peu…
Patrice Nous avons aussi des grattes, que nous appelons parfois des charrues. Ce sont des camions munis d’un immense grattoir qui pousse la neige sur le côté de la rue. Une gratte peut aussi être une pelle dont la lame est large et recourbée.
Vincent Chez nous, c’est bien difficile d’enlever de la neige avec… une gratte, car c’est le nom familier qu’on donne à une guitare. « Et à la gratte : Léo ! »
Cet hiver, est-ce que tu as eu la guédille au nez ?
Vincent Oui ! J’ai déjà mangé une guédille ! Et au homard! Mais c’était l’été dernier et je l’ai mangé proprement de sorte que je n’en avais pas plein le visage.
Patrice Tu parles de la guédille dans le sens de « sandwich fait avec du pain à hot-dog ». Mais l’expression avoir la guédille au nez signifie « avoir le nez qui coule, avoir une petite goutte qui pend au bout du nez ». Un phénomène très fréquent par temps froid.
Vincent J’ai pu constater !
Patrice On utilise aussi cette expression pour dire que quelqu’un manque d’expérience, qu’il est un jeunot. « Il a encore la guédille au nez et il vient me dire quoi faire. »
Vincent En France nous utilisons directement « morveux » comme dans le péjoratif : « Pour qui se prend-il ce morveux ? »
On peut être gelé sans avoir froid
Vincent Une expression québécoise reliée à l’hiver que j’aime beaucoup est être gelé, dans le sens de « être sous l’emprise de la drogue, être défoncé ». Elle décrit très bien la nonchalance de la personne intoxiquée.
Patrice Malgré une apparente similitude, l’expression québécoise être gelé est donc fort différente du être givré français.
Vincent Oui, nous utilisons être givré pour dire que quelqu’un est fou, déséquilibré ou dangereusement imprudent.
Qu’est-ce que ça mange en hiver ?
Patrice Est-ce que tu comprends l’expression Qu’est-ce que ça mange en hiver ?
Vincent C’est assez explicite, mais je sens que tu vas me surprendre !
Patrice Cette expression sert à s’enquérir de la nature d’une chose qu’on ne connaît pas. On l’utilise lorsqu’on ignore de quoi parle notre interlocuteur. « Qu’est-ce que ça mange en hiver, un grand collisionneur de hadrons ? »