Qu’est-ce que le joual?
Le joual ou choual (du français cheval) est une variante du français québécois, souvent associé à tort à l’ensemble de la langue parlée au Québec. En réalité, ce n’est qu’une partie du québécois, une variété linguistique très éloignée de la norme et parsemée de termes franglais, pour la plupart empruntés au langage des shops (usines).
Avant les années 1960, les anglophones contrôlaient la sphère économique au Québec. Le joual est né du choc entre le monde du travail dominé par l’anglais et la vie domestique française. Les mots anglais ont alors connu une transformation, une recréation en « joual », par une partie de la population, peu instruite et désireuse de rester francophone.
Cette langue au vocabulaire limité et à la syntaxe pauvre est toutefois très riche en images. Au fil du temps, le joual, tel qu’il était parlé dans les années 1950, a progressivement disparu du paysage linguistique.
Pour éviter toute confusion, précisons que le joual n’est pas la langue populaire québécoise, mais l’une de ses nombreuses variétés.
Un combat identitaire qui ne fait pas l’unanimité
Dans les années 1950, le joual, longtemps méprisé par les élites canadiennes-françaises, a trouvé son lot de défenseurs. Dans l’élan du combat identitaire, plusieurs membres de la communauté québécoise, dont de nombreux artistes et intellectuels, ont clamé leur droit de parler leur langue populaire sans honte. L’appropriation du joual est arrivée de concert avec les nombreuses revendications sociales et identitaires qui secouaient alors le Québec.
Si le Français parle l’argot, l’Anglais, le slang, pourquoi le Québécois ne parlerait-il pas le joual? Cette question alimentait des débats passionnés qui se terminaient rarement dans la bonne humeur.
Dans les années 1960, la langue joual se retrouve au théâtre, à la télévision, dans les romans. Ce phénomène exacerbe le conflit entre les défenseurs du joual et ses opposants.
Ce combat a entraîné des déchirures à l’intérieur même de la nation canadienne-française. D’un côté, les tenants d’un français correct, proche de la norme, capable d’exprimer une pensée plus structurée; de l’autre, les partisans du joual, langue du peuple, qui selon ses défenseurs est aussi valable que n’importe quelle autre langue de la planète.
Le joual n’a donc jamais fait l’unanimité.
Pourquoi dit-on joual?
Le mot joual est une variante phonétique du mot cheval. On a employé le terme joual pour décrire la langue anglicisée des Québécois qui articulaient peu, escamotaient des syllabes et prononçaient mal les mots. C’était la langue d’une certaine frange de la population que les élites comparaient aux hennissements des chevaux.
Selon le dictionnaire d’Antidote, par analogie avec le hennissement du cheval, on en est venu à dire d’une personne parlant de façon inarticulée qu’elle parlait « cheval ». Ainsi, l’expression parler cheval aurait une origine française, puisqu’elle a été consignée par Charles-Louis d’Hautel dans son Dictionnaire du bas-langage (1808) décrivant la langue populaire des Français. L’expression québécoise parler joual apparaît au 20e siècle, probablement importée d’outre-Atlantique.
L’accent québécois n’est pas l’accent joual
Le joual est l’un des accents du Québec, quoique le joual comme nous l’avons connu dans les années 1950, 1960 et 1970 a presque disparu aujourd’hui.
En effet, les changements sociologiques qui ont transformé la société québécoise ont aussi modifié la langue populaire. Le niveau d’éducation a connu un bond majeur. Les Québécois ont investi les emplois supérieurs, le monde des affaires, etc. L’attachement au joual, cette langue considérée comme très populaire, et par certains même comme un dialecte, s’est étiolé au fil des victoires sociales et économiques.
Toutefois, même avec un joual en perte de vitesse, les débats passionnés sur la survie du français et de ses particularités se poursuivent au Québec.
Nous vous présentons une série de trois vidéos qui démontrent bien, avec des extraits d’époques, les différents points de vue sur joual.