Les 5 mots pour aider les Français qui viennent travailler au Québec

Ce texte à quatre mains a été écrit par Vincent Guérineau de la France et de Patrice Hudon du Québec.

Courriel et pourriel

— La facture est prête.
— Peux-tu me l’envoyer par courriel?

Vincent Pas d’email ni de spam pour parler des échanges électroniques de ce côté de l’Atlantique. C’est le poétique courriel qui est employé par les Québécois. (À noter que la paternité du terme est largement disputée des deux côtés de l’Atlantique (ref), mais force est de constater que son utilisation est un succès sur la terre de Jacques Cartier). Le terme spam a lui aussi un étonnant néologisme : le pourriel.

Patrice Nous utilisons beaucoup le mot courriel (contraction de courrier électronique), et aussi le mot pourriel (contraction de pourriture électronique). Ces deux mots occupent une place importante dans notre espace linguistique. Toutefois, nous employons aussi les mots email et spam. De plus, à la différence des Français qui semblent préférer le mail, nous optons habituellement pour sa forme longue, le email.

Portable

— Est-ce que tu as ton portable dans ta poche?
— Pardon?

Vincent Voici un mot qui peut prêter à bien des quiproquos! Le portable (téléphone) français évoquera l’ordinateur portable au Québec. La question « tu me prêtes ton portable? » risque par conséquent d’être accueillie avec réserve. « Tu me passes ton cell? » fonctionnera beaucoup mieux. N’y voyez pas un anglicisme, car cell est le diminutif de cellulaire.

Patrice Effectivement, la plupart des Québécois pensent immédiatement à un ordinateur lorsqu’ils entendent le mot portable. L’utilisation du mot portable comme diminutif de téléphone portable est très faible au Québec.

Céduler

— Quand peut-on se céduler une rencontre?
—… ?

Vincent Tout d’abord une note : l’Office québécois de la langue française critique l’utilisation de ce calque sémantique de l’anglais to schedule qui veut dire « programmer, fixer, établir ». Cela dit, j’ai un petit faible pour ce terme et l’utilise autant que possible.

Patrice Il n’y a pas seulement l’Office québécois qui critique l’utilisation du verbe franglais céduler. De nombreux Québécois y sont aussi allergiques, surtout si on ajoute le mot appointement (rendez-vous) à la phrase. « Je t’ai cédulé un appointement pour demain après-midi ». Au fil du temps, la fréquence d’utilisation de ces anglicismes a fortement diminué dans la langue parlée et a presque disparu de la langue écrite. Heureusement, diront plusieurs.

Le tutoiement

— Où est le dossier de M. de Mesmaeker?
— Sur vo… ton! Sur ton bureau!

Vincent On peut lire partout que le système hiérarchique est beaucoup plus souple au Québec qu’en France. C’est une chose de le lire, c’est une autre de l’expérimenter et encore une autre de le pratiquer avec un supérieur. Le vouvoiement met une distance qui n’est pas très appréciée par le tempérament amical des Québécois. Un conseil pratique : pratiquez, pratiquez, pratiqu… pardon pratique, pratique, pratique!

Patrice Effectivement, le fameux tutoiement est beaucoup plus répandu au Québec qu’en France. Mais avant de tutoyer son supérieur, il est quand même recommandé d’attendre que le supérieur tutoie en premier. Ce qui peut arriver assez rapidement. Par exemple, il est fréquent de commencer une entrevue au « vous » et de la terminer au « tu ». Attention, certains milieux professionnels préfèrent encore le vouvoiement au tutoiement, mais ils ne sont pas majoritaires.

Pas pire

— Qu’as-tu pensé de ma présentation?
— C’était pas pire.

Vincent Je me rappelle encore de la première fois où j’ai entendu cette expression! Je faisais du bricolage avec mon beau-père et lui demandais ce qu’il pensait du résultat de notre effort collectif. La réponse fut cinglante : « pas pire ». Ce qui sonnait très négativement à mon oreille française. Que nenni cela correspond ici au passable français.

Patrice Nous avons publié un article sur l’utilisation québécoise de pire, pas si pire, pas pire pantoute. Il faut avoir vécu un peu Québec pour distinguer les différents sens de pire qui, selon la tournure d’une phrase, peut vouloir dire « mauvais, passable, bon et pas mal du tout ». Comme on dit parfois : ça ratisse large.

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