15 expressions québécoises liées au corps humain

Les différentes parties du corps se trouvent au cœur de nombreuses expressions québécoises. Aujourd’hui, nous en auscultons quinze avec vous.

1 — Être pied

La locution être pied signifie « être maladroit, ne pas maîtriser une activité ».

— Je ne veux pas acheter une maison qui demande des rénovations. Je suis trop pied avec mes mains pour réparer quoi que ce soit.

Nous utilisons de nombreuses expressions construites avec le mot pied, comme savoir se placer les pieds, qui signifie « savoir se mettre en position avantageuse pour obtenir une promotion ou avancer socialement ».

Pour découvrir d’autres expressions, nous vous invitons à lire l’article Les pieds dans la langue québécoise.

2 — Avoir les mains pleines de pouces

Lorsqu’on est pied en rénovation, on a les mains pleines de pouces, une autre expression qui signifie « être gauche, faire preuve d’une grande maladresse ».

Avoir les mains pleines de pouces, c’est aussi avoir « deux mains gauches ».

— Je n’aurais jamais dû acheter une vieille maison. J’ai les mains pleines de pouces. Je n’arrive même pas à changer un robinet sans inonder la maison.

3 — Un genou

Certains Québécois utilisent le motgenou pour décrire une personne chauve.

— J’avais oublié le nom de mon physiothérapeute, alors j’ai dit à la réceptionniste : « J’ai rendez-vous avec le genou. » Elle a immédiatement compris de qui je parlais.

On utilise parfois le motcoco pour parler de calvitie. Coco peut signifier « tête » ou « tête chauve ». Seul le contexte peut aider à déterminer le sens.

— J’ai reçu le ballon sur le coco (tête) ; le coco (le chauve) a reçu le ballon sur la tête.

4 — Avoir les yeux dans la graisse de bines

La déroutante expressionavoir les yeux dans la graisse de bines signifie « avoir le regard altéré par la fatigue, l’alcool, etc. »

Pour bien comprendre cette image, il faut savoir que le mot bine est une déformation du mot anglais bean. Les bines québécoises sont en fait des haricots cuits très lentement au four avec du lard salé, des tomates et de la mélasse.

L’expression tirerait son origine des bines qui flottent dans la graisse durant la cuisson.

— Je suis vraiment déçu. Sur toutes les photos de mon mariage, j’ai les yeux dans la graisse de bines.

Si vous désirez approfondir vos connaissances sur les bines, nous vous invitons à lire Les fameuse bines québécoises.

5 — Avoir les oreilles en porte de grange

L’expression avoir les oreilles en porte de grange signifie « avoir des oreilles décollées, des oreilles qui s’écartent de la tête ».

Même avec mes oreilles en porte de grange, je ne t’entends pas bien.

Dans l’usage, l’emploi du mot oreille est parfois omis. Nous disons simplement « des portes de grange ».

— C’est paradoxal, mon grand-père a des oreilles en porte de grange. Pourtant, il n’entend plus rien.

Connaissez-vous l’expression se tenir le corps raide et les oreilles molles ? Pour en découvrir le sens, consulter l’article Les oreilles dans la langue québécoise.

6 — Avoir du front tout le tour de la tête

L’expressionavoir du front tout le tour de la tête ne décrit pas une personne chauve, comme on pourrait le croire de prime abord. Avoir du front signifie « avoir du toupet, être effronté, être téméraire ». Et si on veut en rajouter, on dit « avoir du front tout le tour de la tête », c’est-à-dire être très effronté, avoir un sacré toupet, avoir beaucoup de culot.

— Mon plus jeune a du front tout le tour de la tête. Au début, je trouvais ça drôle, maintenant ça m’inquiète. Ce n’est plus de la confiance en soi, c’est de l’inconscience !

Pour parler d’une personne effrontée, qui a du culot, nous utilisons aussi l’expressionavoir un front de bœuf.

7 — Par la peau des fesses

La locution par la peau des fesses peut confondre les non-Québécois qui y verront une similitude avec se prendre par la peau des fesses, qui signifie « se forcer à faire quelque chose ».

Mais au Québec, par la peau des fesses, qui est d’usage très courant, signifie « de justesse ». Ainsi, s’en sortir par la peau des fesses, c’est l’avoir échappé belle.

Les trois premiers cyclistes ont gagné par la peau des fesses.

— Au gym, Jules a gagné le concours des abdominaux les mieux définis par la peau des fesses.

Les anglophones utilisent l’expression by the skin of (one’s) teeth, dont la traduction littérale est par la peau des dents. Cette traduction se glisse parfois dans nos conversations.

8 — Lever le nez sur

La locutionlever le nez sur quelque chose ou sur quelqu’un est synonyme de « manifester du dédain à l’égard de cette chose ou de cette personne ».

— Ma patronne lève le nez sur toutes les personnes qui se parfument. Elle dit que ça fait vulgaire.

Pour indiquer leur mépris, les anglophones utilisent turn one’s nose up at (something) ou encore look down on (something).

9 — Se flatter la bedaine

Se flatter la bedaine, c’est se vanter, afficher de l’autosatisfaction, se péter les bretelles (une autre expression québécoise qui signifie « être très fier de soi, afficher une autosatisfaction ostentatoire »).

— Je reviens du gala des gens d’affaires. Quel spectacle étrange ! Ça se flattait la bedaine à qui mieux mieux. Tellement que c’en était malaisant.

10 — Avoir une face à fesser dedans

L’expression avoir une face à fesser dedans décrit une personne franchement haïssable, antipathique, imbuvable.

Dans ce contexte, le verbe fesser signifie « cogner, frapper ».

— Mon nouveau patron a vraiment une face à fesser dedans. Il me reste encore trois ans avant la retraite et je sens que je vais compter chacune des journées d’ici là.

Nous vous invitons à découvrir 10 expressions construites avec le mot face.

11 —  Les bottines doivent suivre les babines

L’expression très imagée les bottines doivent suivre les babines signifie que les actions doivent suivre les paroles ; que les mots ne suffisent pas, il faut passer à l’action.

— Mon ex est un charmeur, mais ses bottines ne suivent jamais ses babines. Alors, j’ai pris mes bottines et je me suis dit : « Déguédine ! (déguerpis !) »

Il nous arrive aussi d’avoir les deux pieds dans la même bottine, c’est-à-dire avoir les deux pieds dans le même sabot.

Venez découvrir le sens de l’expression « faire de l’esprit de bottine ».

12 — À l’os

La locution adverbiale à l’os est synonyme de « complètement, totalement ».

Fidèle à l'os : publicité de la compagnie de téléphonie Fido
Une publicité de la compagnie de téléphonie Fido jouant sur le double sens de la locution « à l’os ».

— C’est débile à l’os (c’est complètement fou), ton histoire. Si je ne te connaissais, je ne te croirais pas.

On peut aussi être « fait à l’os » (prononcé « faite à l’os », peu importe qu’on parle d’un homme ou d’une femme), dans ce cas on est totalement défoncé ou on se trouve dans de sérieuses difficultés.

— La nuit dernière, mon voisin était fait à l’os. Il ne trouvait plus ses clés pour entrer dans sa maison. Il a dormi sur sa pelouse.

— Mon voisin s’est lancé dans des rénovations importantes et il a perdu son emploi. La banque a rappelé ses prêts. Il est fait à l’os.

13 — Avoir une crotte sur le cœur

L’amusante expressionavoir une crotte sur le cœur signifie éprouver du ressentiment, avoir de la rancune.

— J’ai beau dire que je lui ai pardonné, mais en vérité, j’ai encore une crotte sur le cœur.

À savoir : la locution sans cœur possède au Québec un sens différent de celui qui a cours en France. En effet, être sans cœur peut vouloir dire « être insensible, cruel », mais aussi « être paresseux ». Pour en apprendre plus sur les différents sens du mot cœur, comme dans coup de cœur, nous vous invitons à lire l’article Avoir une crotte sur le cœur.

14 — Être sur le gros nerf

La locution être sur le gros nerf signifie « être très nerveux ».

— Depuis une semaine, Jules est sur le gros nerf. Il n’aurait jamais dû accepter la promotion. C’est trop gros pour lui et il se défoule sur nous sans arrêt. Il me tombe vraiment sur les nerfs.

L’expressiontomber sur les nerfs de quelqu’un, c’est l’exaspérer.

Venez découvrir Cinq expressions québécoises construites avec le mot nerf.

15 — Une langue sale

On déduit facilement le sens de la locutionlangue sale. Elle décrit une personne qui calomnie, qui médit sans arrêt, qui parle dans le dos de tout le monde. On peut aussi bien avoir une langue sale qu’être une langue sale.

Ma coiffeuse est la pire langue sale que je connaisse. Elle dit du mal de toutes ses clientes.

— Fais attention à Jules. Il parle toujours avec un ton posé, mais c’est vraiment une langue sale.

Connaissez-vous le sens de l’expression « le chat lui a mangé la langue » ?

Nous profitons du thème de cet article pour vous présenter un quiz sur les mots méconnus du corps humain (avec les termes en français normatif). Est-ce que le gnathion correspond au point le plus bas de la mâchoire ? La glabelle est-elle l’espace situé entre les deux sourcils ? Pour découvrir les réponses, nous vous invitons à jouer au quiz Vocabulaire lié au corps.

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